
Plusieurs instituts japonais viennent de publier une enquête sur les besoins du Japon en matière d’immigration. Il en ressort que le pays doit multiplier par 4 son nombre de travailleurs immigrés d’ici 2040.
(Reuters) - Le Japon aura besoin d’une main-d’œuvre immigrée quatre fois plus nombreuse d’ici à 2040 pour atteindre les objectifs de croissance fixés par le gouvernement, soulignent plusieurs instituts d’étude publics dans un rapport publié ce jeudi 3 février 2022.
Ces think tanks cherchent ainsi à ouvrir un débat sur ce sujet dans un pays à la population vieillissante et aux frontières strictement verrouillées depuis la pandémie de Covid-19, fermé aux travailleurs et étudiants étrangers.
Passer de 1,7 à 6,7 millions de travailleurs immigrés
D’après les calculs de ces instituts, le Japon devra porter à 6,74 millions le nombre de ses travailleurs immigrés d’ici 2040 s’il veut parvenir à un taux de croissance de 1,24 % par an en moyenne, selon l’hypothèse de croissance haute fixée par l’exécutif dans ses projections économiques de long terme.
Ce chiffre est quatre fois plus élevé que le chiffre actuel, qui s’élève à 1,72 million, soit environ 2,5 % de la main-d’œuvre de l’archipel.
« Nous devons débattre avec urgence de l’accueil de travailleurs étrangers, alors que la concurrence pour la main-d’œuvre va s’accroître dans le futur face à des pays comme la Chine », a déclaré lors d’un colloque le président de l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), l’un des instituts à l’origine du rapport.
« Nous devons prendre des mesures pour rendre le Japon plus attrayant à plus long terme, pour qu’il soit un pays choisi par les travailleurs étrangers », a estimé Shinichi Kitaoka.
Une population japonaise vieillissante
Selon l’étude, le Japon devrait perdre plus de 10 % de sa main-d’œuvre intérieure au cours des deux prochaines décennies.
La population japonaise ne cesse de décliner depuis un pic atteint en 2008 en raison d’un faible taux de natalité. Elle s’élevait l’an dernier à quelque 125 millions d’habitants. La population en âge de travailler diminue encore plus fortement en raison du vieillissement.
La question de l’immigration est restée longtemps taboue au Japon, pays fermé pendant plusieurs siècles s’appuyant sur l’idée d’un peuple ethniquement homogène, mais les besoins en main-d’œuvre ont incité ces dernières décennies les autorités à créer de nouvelles catégories de visas pour faciliter la venue de migrants.