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"Vacances au bled", une sociologie des migrations

La sociologie des migrations comme arme contre la xénophobie

Avant d’être un livre, Vacances au bled, la double présence des enfants d’immigrés est une thèse de sociologie soutenue en 2013 par Jennifer Bidet, maîtresse de conférences à l’Université Paris Cité, chercheuse au Centre de recherche sur les liens sociaux (Cerlis). Avec le dessinateur Singeon, l’universitaire en avait déjà tiré une BD.

Depuis plusieurs décennies, les débats politico-médiatiques et les travaux scientifiques questionnent l’intégration des enfants de l’immigration postcoloniale à la République française. Ce livre renverse la perspective en étudiant leur sentiment d’appartenance à la nation algérienne. Que signifie « être algérien » quand on a toujours vécu en France, et que la connaissance de ce pays se réduit à de courts séjours de vacances ?

À partir d’archives, d’observations et d’entretiens collectés sur les deux rives de la Méditerranée, cette enquête donne à voir comment cette binationalité est vécue. Les vacances au bled font apparaître des appartenances territoriales et familiales plus éclatées que l’opposition binaire « Français/Algérien ». Selon les situations, les descendants d’immigrés se jouent des catégorisations ethniques pour définir leur place.

Les récits et expériences de ce sentiment d’appartenance nationale varient selon les parcours de vie des descendantes et descendants d’immigrés, faisant éclater la fausse homogénéité de la « deuxième génération ».
Ces appartenances renvoient plus largement à un double positionnement dans des hiérarchies de classe, de sexe et ethno-raciales en France et en Algérie.

Les vacances au bled révèlent les positions sociales divergentes des enfants d’immigrés et de leur famille entre les deux sociétés, soulignant les dynamiques de mobilité sociale en migration. Dans les maisons familiales ou sur les plages, leurs statuts d’enfants d’ouvriers immigrés sont rebattus – tout comme leurs rôles de genre et leurs assignations ethno-raciales.

Des anecdotes

En plus de livrer une matière théorique passionnante, Vacances au bled fourmille d’anecdotes qui rendent sa lecture agréable. On s’émouvra de certains épisodes familiers aux enfants de l’immigration. On réfléchira aussi à la portée symbolique de certains choix pas si anodins qu’ils le paraissent. La manière d’investir les deux espaces, algériens et français, dit beaucoup sur la façon de vivre sa double culture et sur son évolution, du mythe du retour à l’accession à la propriété en Algérie ou en France, des séjours en famille ou en clubs de vacances

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