Lancé il y a trois ans, le programme d’aide directe au logement s’apprête à connaître une évolution importante. À compter de 2026, les pouvoirs publics prévoient de revoir en profondeur les règles d’accès et de détention des biens afin de limiter les dérives spéculatives, tout en corrigeant certaines exclusions jugées pénalisantes.
Cette réforme, présentée comme stratégique par l’Exécutif, vise à renforcer l’efficacité d’un dispositif devenu central dans la politique sociale du logement. D’après les informations relayées par L’Économiste, l’une des principales nouveautés concerne l’intégration des propriétaires en indivision parmi les bénéficiaires.
Les propriétaires en indivision enfin éligibles
Jusqu’à présent, de nombreux Marocains se voyaient refuser l’aide faute de disposer d’un titre foncier individuel. Une situation fréquente dans le pays, notamment dans le cadre des héritages familiaux. À partir de 2026, ces copropriétaires pourront désormais accéder au financement public, mettant fin à un blocage administratif longtemps dénoncé.
Cette mesure vise à mieux prendre en compte la réalité foncière nationale et à élargir l’impact social du programme, en intégrant des ménages jusque-là exclus malgré leur éligibilité économique.
Des règles plus strictes pour freiner la spéculation
En contrepartie de cet assouplissement, l’État renforce les conditions de conservation du bien. La durée minimale d’occupation du logement en tant que résidence principale sera portée de quatre à cinq ans. L’objectif est clair : éviter les reventes rapides motivées par un gain financier et aligner le dispositif sur les règles fiscales en vigueur.
Une exception demeure toutefois pour le logement économique plafonné à 250 000 dirhams, pour lequel l’obligation de détention reste fixée à quatre ans. En cas de non-respect de ces délais, le bénéficiaire devra rembourser l’intégralité de l’aide reçue — qu’elle soit de 70 000 ou 100 000 dirhams — et s’acquitter des taxes correspondantes.
Un contrôle renforcé des reventes
Pour sécuriser le dispositif, la procédure de mainlevée d’hypothèque a également été revue. Désormais, ce document indispensable à toute revente ne sera accordé qu’après preuve d’une occupation effective du logement pendant cinq ans. Plusieurs justificatifs seront exigés, notamment les documents d’identité, l’acte de vente et les quittances de taxes locales.
À défaut, le remboursement volontaire de l’aide constituera la seule alternative pour obtenir l’autorisation de céder le bien.
Un programme globalement plébiscité
Ces ajustements interviennent dans un contexte plutôt favorable. À fin octobre 2025, plus de 72 000 dossiers avaient été validés, générant près de 30 milliards de dirhams de transactions immobilières. Des chiffres qui contrastent fortement avec d’autres initiatives, comme le programme de logement rural lancé en 2019, qui peine toujours à attirer promoteurs et investisseurs.
Avec cette réforme, les autorités espèrent consolider les acquis du dispositif tout en corrigeant ses failles, afin d’en faire un levier durable d’accès au logement pour les ménages marocains.