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Les Néerlandais et le voisinage migrant : une étude révèle des préférences discriminatoires

Maglor - Une étude récente menée par Yoschym Tolsma de l’université Radboud et Rob Francken de l’université d’Utrecht a mis en lumière une réalité préoccupante aux Pays-Bas : une part importante de la population néerlandaise évite de s’installer dans des quartiers où vivent des personnes issues de l’immigration. Les habitants interrogés se montrent particulièrement réticents à partager leur environnement quotidien avec des voisins d’origine marocaine ou turque.

Un besoin d’entre-soi social et culturel

Les résultats révèlent que la majorité des Néerlandais privilégient des environnements homogènes, composés de personnes du même âge et de niveau éducatif comparable. Certains vont jusqu’à se dire prêts à parcourir dix minutes supplémentaires chaque jour pour faire leurs courses afin d’éviter de résider dans un quartier comptant un quart de personnes issues de l’immigration, en particulier d’origine turque ou marocaine.

Pour le sociologue Yoschym Tolsma, « les gens préfèrent interagir avec ceux qui leur ressemblent. Dès qu’ils en ont l’opportunité, ils choisissent de vivre ou de s’engager dans des associations où la composition reflète leur propre identité sociale et culturelle ». Mais il met en garde : « de telles lignes de fracture affaiblissent la cohésion sociale et peuvent menacer la démocratie. Il est nécessaire d’imaginer des politiques qui favorisent la mixité, par exemple en imposant des quotas de diversité dans les clubs sportifs ou en rendant certains quartiers plus attractifs pour encourager les rencontres ».

Une inquiétude pour les minorités

Ces conclusions relancent le débat sur le discriminations et pratiques d’exclusion subies par les migrants et leurs descendants dans plusieurs pays européens, dont les Pays-Bas.

Pour Kacem Achhaboun, Marocain résidant aux Pays-Bas et membre de l’association Hiwar (Dialogue), cette tendance est intimement liée à l’essor de l’extrême droite. « Les discours de haine, de rejet et parfois d’exclusion que subit la communauté marocaine aux Pays-Bas sont alimentés par les partis populistes de droite, notamment le Parti pour la liberté de Geert Wilders », affirme-t-il.

Il souligne que, malgré l’incapacité de ces formations politiques à gérer efficacement plusieurs dossiers au niveau gouvernemental, leur audience ne cesse de croître en ciblant les migrants : « Beaucoup de problèmes de la société néerlandaise sont injustement attribués aux étrangers, en particulier aux Marocains, alors même que ceux-ci représentent un exemple réussi d’intégration et de participation dans les sphères politique, économique et sociale du pays ».

Le rôle des médias et de l’opinion publique

Achhaboun insiste également sur l’influence des médias et des réseaux sociaux qui entretiennent des clichés négatifs : « Les Marocains sont trop souvent associés à la criminalité ou au chômage, alors que de nouvelles générations grandissent ici, profondément ancrées dans la culture néerlandaise, tout en restant liées à leurs racines. C’est une évolution naturelle, mais elle est occultée par le prisme des préjugés ».

Il estime enfin que le discours discriminatoire trouve un écho particulier dans les classes populaires peu instruites, plus facilement influencées par la rhétorique de certains partis.

Une fracture à combler

L’étude et les témoignages recueillis révèlent une société traversée par des tensions identitaires persistantes. Si la question migratoire continue d’être instrumentalisée politiquement, la véritable urgence, selon les chercheurs comme les acteurs associatifs, reste de préserver le vivre-ensemble et de lutter contre la marginalisation des minorités.

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