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De la hikaye palestinienne au costume nuptial de Tlemcen : des coutumes du Maghreb et du Moyen-Orient protégées par l’UNESCO

Le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont des régions dotées d’un riche patrimoine culturel, fort de nombreuses traditions toujours pratiquées dans la vie quotidienne. Cependant, en raison de la mondialisation et de l’uniformisation des tendances culturelles, plusieurs d’entre elles risquent de disparaître à jamais. L’UNESCO, a décidé depuis depuis plus d'une dizaine d'années de protéger progressivement certaines de ces pratiques en les ajoutant à sa Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Maglor vous en présente trois.

La Hikaye palestinienne

Inscrit en 2008 sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, la Hikaye palestinienne est une forme de récit narratif pratiquée par les femmes. Ces récits fictifs qui ont évolué au fil des siècles évoquent les préoccupations quotidiennes de la société du Moyen-Orient et les problèmes familiaux. Critique de la société du point de vue des femmes, la Hikaye dresse un tableau de la structure sociale touchant directement leur vie. Beaucoup de récits décrivent des femmes déchirées entre le devoir et le désir.

La Hikaye est habituellement racontée à la maison pendant les soirées d’hiver, lors d’événements spontanés et conviviaux réunissant de petits groupes de femmes et d’enfants. Les hommes y assistent rarement car leur présence est considérée inconvenante. La narration tire sa force expressive du langage utilisé, de l’intonation, du rythme du discours et des effets de voix, ainsi que de l’aptitude de la conteuse à captiver l’attention de l’auditoire pour le transporter dans un univers d’imagination et de fantaisie. La technique et le style de narration obéissent à des conventions linguistiques et littéraires qui le distinguent des autres genres narratifs populaires. La langue employée est un dialecte palestinien, le fallahi en milieu rural ou le madani en milieu urbain. Presque toutes les Palestiniennes de plus de 70 ans sont des conteuses de Hikaye, et ce sont principalement elles qui perpétuent la tradition. Mais il n’est pas rare que des filles et des garçons se racontent ces histoires pour s’entraîner ou simplement pour le plaisir.

La pratique de la Hikaye est en train de décliner sous l’influence des mass médias incitant souvent les gens à considérer leurs coutumes comme arriérées. Ainsi, les femmes âgées ont tendance à modifier la forme et le contenu des récits. Les bouleversements incessants de la vie sociale dus à la situation politique actuelle en Palestine constituent également une menace pour la survie de la Hikaye.

Les Majlis pour discuter

Les Majlis, littéralement « endroits pour s’asseoir », sont des lieux où les membres de la communauté se réunissent pour discuter des événements et des enjeux locaux, échanger des nouvelles, recevoir des invités, rencontrer des gens et se divertir. Le Majlis est l’endroit où la communauté se réunit pour résoudre les problèmes, pour présenter ses condoléances et organiser des réceptions de mariage.

Il correspond généralement à un grand espace recouvert de tapis au sol et de coussins placés contre le mur. Il comporte habituellement une cuisinière ou un feu pour préparer du café et d’autres boissons chaudes. L’espace du Majlis est ouvert à tout le monde et peut être fréquenté par les membres de la famille, les tribus et les habitants du même quartier et d’autres quartiers éloignés. Les aînés de la communauté sont considérés comme ses véritables détenteurs, notamment ceux qui possèdent de vastes connaissances au sujet de la nature, de la généalogie et de l’histoire tribale. Les juges et les cheikhs religieux revêtent une importance particulière dans le Majlis, étant donné qu’ils arbitrent les conflits et clarifient les droits et les responsabilités d’ordre politique, social et religieux.

Techniquement défini comme « lieu où l’on s’assoit« , le Majlis a toujours été bien plus à travers l’histoire, faisant partie intégrante de la société arabe, devenant lieu d’échange et de transmission du savoir. Une diversité des activités que l’exposition met ici en exergue à travers un ensemble exceptionnel d’objets « reflétant l’interaction des civilisations du passé, tout en encourageant le dialogue entre les peuples, sur la base de valeurs et d’un patrimoine commun".

Les femmes possèdent leurs propres Majlis, même si certaines femmes importantes fréquentent d’autres Majlis, notamment ceux à caractère intellectuel et littéraire. Ces espaces jouent également un rôle prépondérant dans le transfert du patrimoine oral, comme les contes, les chansons populaires et la poésie « nabati ». Du fait que les espaces du Majlis sont ouverts à toutes les classes d’âge, les connaissances sont essentiellement transmises informellement quand les enfants accompagnent les membres de la communauté dans leurs visites. En observant les anciens dans les Majlis, les jeunes apprennent les mœurs et l’éthique de leur communauté ainsi qu’à dialoguer, à écouter et à respecter l’avis d’autrui.

C'est en 2015 que les Majlis ont été inscrits au patrimoine de l'UNESCO.

Costumes nuptiaux d’Algérie

Classé le 5 décembre 2012 par l'UNESCO au patrimoine universel, le costume nuptial de Tlemcen est un caftan traditionnel en velours et aux fils d'or, orné de perles de culture, de colliers, de la meskia et de graffache.

Le rituel nuptial de Tlemcen dans le nord-ouest de l’Algérie commence chez les parents où la mariée revêt une robe de soie dorée réalisée dans un tissage traditionnel, entourée de ses amies et cousines mariées, parées de leurs costumes nuptiaux.

Des dessins symboliques au henné sont appliqués sur ses mains et une femme plus âgée l’aide à revêtir un caftan de velours brodé, les bijoux et une coiffe conique. Des rangs de perles baroques protègent ses organes vitaux et de reproduction contre les esprits malfaisants.

En quittant le foyer, la mariée est dissimulée sous un voile de soie flamboyant. Pendant la fête nuptiale, une femme mariée du cercle de ses proches dessine des motifs arrondis rouges et argentés sur les joues et sous la lèvre inférieure de la mariée pour la purifier et la protéger. Une fois protégée par son caftan, ses bijoux et son maquillage, la mariée quitte son voile, prête à se marier.

Les jeunes filles de Tlemcen sont initiées à la tradition du costume dès le plus jeune âge, tandis que l’artisanat que représente la confection du précieux costume nuptial se transmet de génération en génération. Le rite symbolise l’alliance entre les familles et la continuité entre les générations, alors que l’artisanat joue un rôle majeur dans la perpétuation de la créativité et l’identité de la communauté de Tlemcen.

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