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La musique Gnaoua à l'honneur

La Société Nationale de Radiodiffusion et de Télévision marocaine  a décidé de célébrer de la plus belle des manières la musique Gnaoua. A cet effet, une soirée évènement aura lieu sur Al Aoula le 25 décembre prochain. Plus de 100 artistes y prennent part. Une expérience inédite.

Le 12 décembre 2019, la musique Gnaoua était reconnue en tant que patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO.

Permettant de valoriser et de mettre la lumière sur la culture Gnaoua, cette distinction aurait dû être fêtée en grande pompe. La crise sanitaire en a décidé autrement. L’évènement pourra enfin être célébré sur notre antenne en partenariat avec l’association Yerma Gnaoua, fait savoir la SNRT.

Il permettra d’illustrer s’il le fallait encore, le rôle et le leadership de la Société nationale de radiodiffusion et de télévision dans la promotion et la sauvegarde de notre identité riche et plurielle.

Une lila dans la plus pure tradition

Pas moins de 113 artistes dont 71 Maalems venus des quatre coins du Maroc, illumineront cette soirée qui s’étalera sur deux heures. Un grand moment d’enchantement et de partage qui aura lieu sur la place mythique d’El Menzeh, au cœur de la vieille ville d’Essaouira. Mqadmats, kouyous et mbakhrats seront également de la partie.

Haute en couleurs et réunissant les plus grands talents de la musique Gnaoua, cette fête populaire se déroulera en quatre temps dans la plus pure tradition de la lila gnaouie : Al Adda préambule de la soirée, Oulad Bambara ou premières incantations, Nougcha qui marque l’entrée des crotales puis Leftouh considéré comme de la musicothérapie.

Une scénographie soigneusement étudiée reprendra par ailleurs tous les codes de cette culture ancestrale : cierges, braséros, tissus de couleurs, plateaux…Ajoutés aux chants mystiques à la gloire de Dieu et du prophète Sidna Mohammed ainsi qu’aux invocations et aux danses, ils permettront une immersion totale dans cet univers fascinant.

En savoir plus

Les gnaouas, c'est d'abord une très ancienne confrérie. La tradition remonte au moins au 16ème siècle, parmi des groupes d'anciens esclaves venus d'Afrique subsaharienne. Contraints d'adopter l'islam, les premiers gnaouas l'ont mêlé aux rites animistes du Sahel. Selon le dossier présenté par le Maroc, cet art "se rapporte à un ensemble de productions musicales, de performances, de pratiques confrériques et de rituels à vocation thérapeutique où le profane se mêle au sacré". Vêtus de costumes colorés, les musiciens gnaouas jouent sur une sorte de luth tambour à trois cordes (un guembri), composé d'un manche rond qui s'enfonce dans une caisse de résonance en peau de dromadaire, accompagnés par des castagnettes en acier appelées qraqeb. Les harmonies de voix et les rythmes lancinants appellent à la transe. 

A la fois mystique et thérapeuthique, cette musique a longtemps été marginalisée avant la création du fameux Festival d'Essaouira. "À partir du moment où cette tradition musicale, cet art, est inscrit au patrimoine universel, ça devient une responsabilité collégiale, une responsabilité partagée, ça devient un engagement de tout à chacun, nous avons tous le devoir de travailler à la transmission, à la pérennité, la pérennisation de cette tradition orale, explique Neila Tazi, la fondatrice du festival. Il faut le rappeler c’est une tradition orale qui existe depuis des siècles, des générations et aujourd’hui nous sommes devant le challenge, la nécessité, de devoir ouvrir encore plus pour assurer sa pérennité, sa transmission aux futures générations et c’est cette question aussi qui est très importante. Les gnaouas eux-mêmes n’y croyaient pas, il y a 25 ans. Ils n’auraient jamais imaginé une telle reconnaissance. Il faut rappeler que c’est une culture très populaire, une culture marginalisée, et aujourd’hui les nouvelles générations, les futures générations vont se sentir investies du devoir de continuer et surtout de se sentir fières de perpétuer cette tradition".

Au fil du temps la musique gnaoua s'exporte. Rappelant les rythmes du jazz ou du blues, elle attire de nombreuses pointures. Led Zeppelin, Pat Metheny, Didier Lockwood ou Marcus Miller, tous sont venus au Maroc pour jouer aux côtés des plus grands maâlems, les maîtres musiciens qui donnent le rythme. Lors de l'édition 2019 du Festival Gnaoua et Musiques du Monde d’Essaouira, un hommage a d'ailleurs été rendu à une grande figure du jazz, Randy Weston, un amoureux de la musique gnaoua. 

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