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La pénurie d’immigrés fragilise l’économie canadienne

La pénurie d’immigrés fragilise l’économie canadienne

La pandémie de Covid-19 a fait reculer l’immigration au Canada de 60 % au troisième trimestre, fragilisant son économie, très dépendante de la main-d’œuvre étrangère. La crise sanitaire se poursuit et le retour en grâce des États-Unis, après l’éviction de Donald Trump, ne devrait pas contribuer à relever l’attractivité du pays. Une analyse du quotidien québécois Le Devoir.

La pandémie tire tous azimuts et coupe, les uns après les autres, les fils de l’économie mondiale. À la fois Charybde et Scylla, le Covid-19 sème le chômage ici ou là, mais plonge le Canada dans une pénurie de main-d’œuvre désastreuse pour son économie.

Faute aux restrictions de déplacements, le nombre de nouveaux immigrants a chuté de 60 % au troisième trimestre 2020, en comparaison avec la même période l’année dernière, note une récente étude de Statistiques Canada. La “panne” d’immigrés, “sur lesquels la croissance québécoise et canadienne repose tellement”, pourrait mettre en danger la croissance du pays, s’inquiète Le Devoir.

Un modèle de croissance fondé sur l’immigration

Depuis 1941 et les premiers calculs de données comparables, la population canadienne n’avait jamais autant fait de surplace, constate le quotidien. Le pays n’a gagné que 2 767 résidents au troisième trimestre, sur un total de plus de 38 millions d’habitants. Ces données marquent notamment “un revirement complet de situation” au Québec, qui avait connu son plus fort taux d’accroissement de population en presque cinquante ans l’année passée, avec une hausse de 1,29 %.

Cette année, le phénomène a touché l’ensemble des pays riches, où la délivrance de nouveaux visas aux étrangers s’est effondrée de 72 %, note un récent rapport de l’OCDE. Mais, au Canada, les conséquences économiques de la fermeture provisoire des frontières ont des séquelles plus violentes qu’ailleurs. Depuis dix ans, c’est l’augmentation de sa population grâce à l’immigration qui soutient la croissance canadienne à une moyenne de 2,25 % par année, faisant du Canada la nation avec la plus forte croissance moyenne parmi les pays du G7.

La baisse de main-d’œuvre devrait donc s’accompagner d’un profond ralentissement économique, et le nombre de migrations pourrait stagner en 2021, comme le rapporte l’OCDE :

Tout porte à croire que la mobilité tardera à retrouver ses niveaux antérieurs, du fait d’une demande de main-d’œuvre plus faible, du maintien de restrictions de voyage sévères et du recours généralisé au télétravail pour les travailleurs très qualifiés et à l’apprentissage à distance pour les étudiants.”

Le quotidien montréalais craint que le résultat de la présidentielle aux États-Unis soit un obstacle de plus sur la route de la croissance. Alors que la politique du président américain Donald Trump avait contribué à l’attractivité du Canada ces quatre dernières années, le changement de gouvernement pourrait ralentir le recrutement des universités comme des entreprises canadiennes, au profit des États-Unis.

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