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Les catholiques de Moselle ont un nouvel évêque : Mgr Philippe Ballot

Par décret du Président de la République en date du 18 juillet 2022 et publié au Journal officiel du 23 juillet, Mgr Philippe Ballot a été nommé évêque de Metz. Il aura une lourde tâche pour remettre de l'ordre dans le diocèse.

Le 23 aout 2021, Mgr Jean-Christophe Lagleize démissionnait de sa fonction d'évêque de Metz qu'il occupait depuis le 3 novembre 2013. La démission avait alors été annoncée officiellement comme motivée par "des raisons de santé".

Le poste n'est plus vacant depuis ce 23 juillet 2022. Le président de la République a nommé Mgr Philippe Ballot pour le remplacer. Il faut rappeler que la Moselle, tout comme le Bas-Rhin et le Haut-Rhin, sont des départements concordataires où la séparation de l'Eglise et de l'Etat n'existe pas en raison de l'histoire particulière de ces territoires et du régime concordataire qui y a été maintenu.

Jusque là, archevêque de Chambéry et évêque de Maurienne et Tarentaise depuis 2009, Mgr Philippe Ballot est originaire de Vesoul en Haute-Saône, tout près de la Lorraine, où il est né le 2 octobre 1956.

Une succession difficile

Le nouvel évêque aura fort à faire pour remettre de l'ordre dans le diocèse de Metz où des scandales, plus ou moins étouffés, se sont succédés depuis plus de 20 ans.

Les derniers en date ont transpiré partiellement dans la presse locale : l'éviction des associations caritatives des immeubles appartenant à l'évêché, la mise en demeure adressée à une institution sociale accueillant de jeunes réfugiés pour qu'elle soit mise à la porte du bâtiment acquis de manière très douteuse et contestée par une association diocésaine présidée par l'évêque, spéculations financières et immobilières sur des bâtiments depuis toujours dédiés à des actions de charité, soutien à l'association Caritas d'émanation épiscopale alors que c'est une coquille vide suspectée de fournir des salaires à du personnel civil proche de l'évêché, désarroi et grande souffrance des prêtres de base dont l'un s'est suicidé, etc. Sans compter les turbulences que connaît plus généralement l'Eglise de France face aux violences sexuelles sur mineurs, voir tout simplement violences institutionnelles à l'égard de quiconque ne se soumet pas aux volontés d'un épiscopat dont on a beaucoup de mal à repérer qui le commande.

Violences institutionnelles et autoritarisme de l'Église de France

En mettant à part les scandales sexuels qui la touchent, l'Église catholique en France est dans une phase de turbulences très graves qui touchent à son autoritarisme constant. Les catholiques de Strasbourg en savent quelque chose.

L'archevêque alsacien, Luc Ravel, se voit reprocher son «gouvernement pastoral»«ses pratiques managériales de république bananière», sa «froideur». Il a également démis de ses fonctions son économe diocésain, lequel a décidé de contester cette mise à pied devant la justice. Cette dernière décision aurait déclenché la visite du diocèse de Strasbourg par le représentant du Pape en France, les plaintes contre Luc Ravel s'accumulant depuis de longs mois sur le bureau du Vatican. 

Mgr Dominique Rey, dans le Var, s'est fait connaître entre autres pour ses accointances avec l'extrême droite en invitant Marion Maréchal - Le Pen lors des universités d'été de son diocèse en 2015. A Strasbourg, Luc Ravel, lui aussi proche des milieux d'extrême droite, se fit le chantre de la théorie du «grand remplacement», avant d'appeler à voter au deuxième tour de la présidentielle pour Emmanuel Macron, «à titre personnel»

Ces deux évêques devraient, à plus ou moins court terme, être débarqués ou sévèrement encadrés par des évêques auxiliaires qui auraient pour mission de gouverner le diocèse à leur place. Et l'hypothèse circule à Metz que Mgr Lagleize aurait été "invité" par le Vatican à démissionner après qu'un évêque auxillliaire fut nommé à ses côtés.

Une sévère reprise en mains par le Vatican

Cette reprise en main de l'Église en France par le Vatican montre que François et le nonce Celestino Migliore ont compris cet effondrement dramatique,à Metz, en Moselle et ailleurs dans l'hexagone, et cherchent à sauver ce qui peut encore l'être. Cela passe par la nomination de nouveaux évêques au profil radicalement différent.

Souhaitons beaucoup de courage et une volonté sans faille à Mgr Philippe Ballot.

Serge Yared

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