Maglor - L’ancien Premier ministre français Dominique de Villepin a récemment exprimé ses inquiétudes concernant l’utilisation politique de l’immigration en France, notamment en ce qui concerne l’Algérie. Dans une interview accordée à Franceinfo le 7 octobre 2024, il a souligné "la tentation" de faire de l’Algérie "le bouc émissaire d'un certain nombre de nos problèmes".
Cette déclaration s'inscrit dans un contexte de relations diplomatiques tendues entre la France et l’Algérie, héritées d’un passé colonial sanglant et d’une guerre d’indépendance marquée par des traumatismes persistants. Malgré des tentatives répétées d’apaisement, les tensions demeurent, notamment autour de questions sensibles telles que la mémoire coloniale, l’immigration et le statut du Sahara occidental.
L’Instrumentalisation de l’Immigration
De Villepin a mis en lumière l’instrumentalisation politique de l’immigration pour accuser l’Algérie. Il a noté que la question migratoire est souvent exploitée dans le débat public français pour stigmatiser les Algériens, les présentant comme une menace. L’ancien Premier ministre a déclaré : "Vouloir brandir aujourd'hui le symbole de l'accord de 1968, dont nous savons tous qu'il est une des conséquences des accords d'Évian, c'est vouloir ouvrir une guerre avec l'Algérie. Une guerre des mémoires ? Tout cela est absurde, il y a d'autres chemins."
Vers un Dialogue Constructif
De Villepin a appelé à un dialogue ouvert, tout en reconnaissant la complexité et la douleur du passé colonial. Selon lui, l’instrumentalisation de la mémoire ne pourra pas mener à une solution durable et risque d’aggraver les relations entre les deux nations. Il a affirmé : "Aujourd'hui, nous ne réglerons la question de l'immigration des Algériens détenus en centres de rétention administrative et que nous voulons renvoyer chez eux qu'en accord avec l'Algérie... Cela implique le dialogue, ça implique le respect et ça implique la capacité d'assumer cette histoire qui est partagée et qui est si importante des deux côtés de la Méditerranée."
Importance des Accords de 1968
Concernant les accords de 1968 qui régissent les relations entre la France et l’Algérie en matière d’immigration, de Villepin a souligné leur importance et mis en garde contre les conséquences d'une remise en cause unilatérale. Il a plaidé pour une gestion concertée de la question migratoire, fondée sur le respect des engagements mutuels et l’harmonisation des relations.
Conclusion
Les propos de Dominique de Villepin soulignent la nécessité d’un changement de paradigme dans les relations franco-algériennes. Face à un passé complexe et à des tensions persistantes, il est essentiel d’adopter une approche respectueuse et dialoguée. Loin de l’instrumentalisation, une véritable collaboration entre la France et l’Algérie pourrait ouvrir la voie à des relations plus apaisées et constructives, propices à un avenir partagé.