Manuel Valls, ancien Premier ministre,et député de l'Essonne, a rappelé mardi 27 mars sur franceinfo que "la France est en guerre contre le terrorisme" et "l'islamisme radical". Cette guerre n'est "pas contre une religion, pas contre l'islam mais contre le salafisme, les Frères musulmans, a précisé Manuel Valls. C'est une idéologie de mort. Il faut la combattre. C'est un corps à corps dans les quartiers et la République doit gagner", a-t-il expliqué. Il réagissait ainsi aux attaques terroristes survenues vendredi 23 mars à Carcassonne et à Trèbes, dans l'Aude.
"Il faut attaquer, il faut éradiquer le salafisme. Tous les salafistes ne sont pas terroristes mais tous les terroristes sont salafistes. (...) Il faut interdire la propagation de l’idéologie salafiste", a-t-il insisté. "Il y a des milliers de personnes qui se sont radicalisées. Plusieurs journaux français et européens ont été agressés dans un quartier de Carcassonne. Il y a eu des mots, des scènes pour saluer le geste du terroriste. Le héros ce n'est pas le gendarme, c'est le terroriste. Il y a une matrice politique, idéologique particulièrement dangereuse et qu'il faut combattre de toute nos forces" a-t-il rappelé.
Les exagérations d'une certaine presse
Des journalistes d'un organe de presse marocain ont écouté l'émission et le débat avec Manuel Valls. Mais, apparemment, ils n'ont pas tout compris. Pour résumer cet entretien, ils ont titré : "Offensive de Manuel Valls contre les imams venus d’Algérie et du Maroc". On peut d'abord s'étonner que, sur les 20 minutes de l'emission, ils n'aient retenu que quelques mots parlant effectivement de la formation des imams en France. Et quand on analyse les trente secondes où Valls a parlé de ce sujet, on constate qu'il n'a jamais lancé une charge contre les imams formés en Algérie ou au Maroc. Il a juste marqué une préférence pour des imams formés en France.
Bon c'est vrai qu'il y a une contradiction manifeste dans l'article cité. Le titre est offensif contre les propos de Valls, l'article est nuancé et soutient l'ancien premier ministre. Qu'on en juge par soi-même ! Voici ce qu'écrit cet organe de presse :
"Pour l’ancien Premier ministre, «ça ne correspond pas à l’idée qu’on doit se faire d’un islam des Lumières en France, un islam de France. L’islam est une religion française désormais. Et il faut pour cela qu’elle soit totalement compatible avec ce que nous sommes, nos valeurs. Dans ce sens, Manuel Valls voudrait que les imams soient formés, ajoutant qu’«il ne faut pas que les imams en France soient formé par l’UOIF (nouvellement renommé Musulmans de France ndlr) et par je ne sais quel organisation proche des frères musulmans"
Mais la plupart des lecteurs se contentent de lire les titres sans aller plus loin. Du coup, ce titre offensif de Yabiladi est perçu comme une fausse nouvelle. Dommage ! Ne vous contentez pas de lire les titres qui se veulent accrocheurs, lisez le contenu.
La veille de l'intervention de Valls à la radio, on apprenait que le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, venait de s’entendre avec celui des Cultes en Algérie, Mohamed Aïssa, pour la venue en France de cent imams algériens à l’occasion du ramadan. Les ministres assurent qu’ils seront triés sur le volet. En juin 2017, lors d’une rencontre avec le Conseil français du culte musulman, Emmanuel Macron avait expliqué qu’il souhaitait mettre fin à la venue en France d’imams étrangers. Sauf que, pour l'instant, la formation des imams en France n'est pas encore suffisament opérationnelle. C'est pourquoi le pays se tourne provisoirement vers le Maroc et l'Algérie, en sachant que cette solution ne peut pas durer.
Pour "un Islam des Lumières en France", car "l'Islam est une religion française"
Comme en témoigne l'extrait de France Info publié ci-dessous par Maglor, Manuel Valls a plaidé pour un Islam des Lumières en France pour combattre le salafisme. Car, a-t-il ajouté, "l'Islam est une religion française".
Le président français a brisé le silence stratégique qu’il entretenait depuis son élection. Mercredi, dans la cour des Invalides, rendant hommage au lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, Emmanuel Macrona été précis. Il a identifié comme rarement on l’avait fait avant lui ce qu’il nomme « l’hydre islamiste » qui sème la terreur en France. « Ce ne sont pas seulement les organisations terroristes, les armées de Daech, les imams de haine et de mort que nous combattons, a-t-il déclaré. Ce que nous combattons, c’est aussi cet islamisme souterrain […] qui, sur notre sol, endoctrine par proximité et corrompt au quotidien. »
La semaine précédant l’attentat, une centaine d’intellectuels venus de tous les horizons avaient signé une tribune dans Le Figaro dénonçant le « séparatisme islamiste » dans lequel ils disaient voir « un nouveau totalitarisme » qui « menace la liberté en général ». La veille du discours, même un journal de gauche comme Le Monde désignait l’islamisme comme l’« angle mort de Macron ». Et le journaliste de se demander : « [...] le silence d’Emmanuel Macron est-il tenable ? » C'est désormais chose faite !