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Nouvelle-Calédonie : Victoire du non à l’indépendance sur fond d’abstention important

Nouvelle-Calédonie : Victoire du non à l’indépendance

Le camp du non à l’indépendance a remporté une victoire écrasante dimanche lors du référendum d’autodétermination en Nouvelle-Calédonie avec 96,49% des voix, contre seulement 3,51% pour les partisans du oui, selon les résultats définitifs communiqués par le Haut-Commissariat.

(AFP) - Les indépendantistes ayant décidé ne pas se rendre aux urnes, le taux de participation n'était que de 43,90%. Les loyalistes, qui craignaient une démobilisation de leurs partisans, faute d’enjeux, ont réussi à réunir 75 762 voix, contre 81 501 voix lors du référendum de 2020.

Deux précédents scrutins les 4 novembre 2018 et 4 octobre 2020, organisés dans le cadre du processus de décolonisation de l’accord de Nouméa, ont été remportés par les pro-France avec 56,7% puis 53,3% des suffrages. Cette fois, les indépendantistes ont décidé de ne pas participer au vote dont ils souhaitaient le report à septembre 2022, invoquant l’impossibilité d’organiser «une campagne équitable» alors que l’archipel est touché depuis septembre par l’épidémie de Covid-19, et que la population kanak est plongée dans le deuil.

Dans ce contexte, la victoire des loyalistes était attendue et tous les états-majors sont déjà en train de réfléchir à leurs propositions pour la suite.

«Rester français»

«Ce soir la Nouvelle-Calédonie reprend enfin son souffle. L’accord de Nouméa est terminé (…) Nous avons décidé en notre âme et conscience de rester français. (…) Ce n’est plus négociable. Et c’est ça le sens de l’histoire!» a lancé dimanche soir la présidente de la province sud de Nouvelle-Calédonie, figure du camp loyaliste, Sonia Backès.

En juin à Paris, les acteurs calédoniens avaient décidé avec l’État qu’après le 12 décembre s’ouvrirait «une période de stabilité et de convergence» avant un «référendum de projet» d’ici à juin 2023, qui, en cas de oui dimanche, porterait sur la constitution d’un nouvel État et, en cas de non, sur un nouveau statut dans la République.

Le dialogue ne sera cependant pas si facile. Le FLNKS et les nationalistes ont d’ores et déjà fait savoir qu’ils ne reconnaîtraient pas le résultat du scrutin et qu’ils le contesteraient devant les instances internationales. Ils ont également prévenu qu’ils récusaient toute rencontre avec le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu, arrivé vendredi à Nouméa, avant l’élection présidentielle française en avril 2022.

Impressionnant dispositif de sécurité

«Les contacts informels n’ont jamais été rompus. Je prends acte qu’ils ont besoin de prendre du temps (…) néanmoins, certains sujets d’actualité sont urgents et nécessitent de nouer rapidement le dialogue avec les institutions et formations politiques locales», a déclaré le ministre à l’AFP. «Sur la question institutionnelle, nous avons jusqu’à juin 2023 pour définir un nouvel avenir. Nous avons plus de temps pour y travailler. L’État n’entend pas confondre vitesse et précipitation dans cette phase importante», a-t-il ajouté.

Alors que l’État avait déployé un impressionnant dispositif de sécurité – 2000 gendarmes et policiers, 130 véhicules, 30 engins blindés et des moyens aériens – par crainte de voir s’enflammer cet archipel qui a déjà connu des épisodes de troubles, le scrutin s’est déroulé sans incidents. «Il n’y a eu aucun débordement, aucun incident, aucune entrave à la circulation et à l’accès aux bureaux de vote», a indiqué le Haut-Commissariat, ajoutant que le «dispositif de sécurité demeure renforcé jusqu’à la proclamation des résultats» définitifs lundi.

Des habitants de quartiers populaires de Nouméa ont critiqué cette débauche de moyens sécuritaires, qu’ils considéraient comme une «provocation». La Nouvelle-Calédonie est inscrite depuis 1986 sur la liste des territoires non autonomes à décoloniser de l’ONU, qui a d’ailleurs dépêché des experts pour veiller à la bonne tenue du scrutin.

L’abstention record «n’affecte pas la régularité» du référendum

Le président de la commission de contrôle a estimé que le scrutin de dimanche en Nouvelle-Calédonie ne souffrait d’«aucune irrégularité significative».

L’abstention qui a marqué le troisième référendum d’autodétermination en Nouvelle-Calédonie «n’affecte pas la régularité ni la sincérité du scrutin», a déclaré lundi le président de la commission de contrôle Francis Lamy, qui n’a constaté «aucune irrégularité significative». La commission de contrôle n’a constaté «aucune irrégularité significative», a affirmé Francis Lamy lors d’une conférence de presse à Nouméa.

«La situation s’est caractérisée par le calme», a-t-il assuré, relevant quelques troubles comme des tentatives de barrage sur les routes de l’île des pins mais «cela n’avait absolument pas l’ampleur des manifestations sur la voie publique que nous avions connues l’année dernière». Quant à la forte abstention, elle «n’affecte pas la régularité ni la sincérité du scrutin du 12 décembre 2021», a-t-il souligné.

«La commission a constaté que les règles applicables, ni ne prévoient de vote obligatoire, ni ne prévoient un seuil minimal de participation», a expliqué Francis Lamy tout en évoquant une jurisprudence du Conseil d’État selon laquelle un niveau d’abstention élevé est sans incidence en lui-même sur la régularité et la sincérité d’un scrutin en l’absence d’atteintes au libre exercice du droit de vote de l’électeur.

Francis Lamy avait lancé avant le vote un appel à ce qu’il n’y ait «pas de manifestations extérieures qui peuvent s’apparenter à une pression sur l’électeur, soit par exemple pour le dissuader d’aller voter, soit pour voter dans un certain sens», évoquant des drapeaux à l’entrée d’un bureau de vote, ou des regroupements de personnes à proximité de bureaux.

Plus de 56% d’abstention

La Commission s’appuie sur 252 délégués, anciens préfets ou conseillers d’État, magistrats ou fonctionnaires des préfectures, qui le jour du scrutin l’ont représentée dans tous les lieux de vote.

Marqué par une abstention record après l’appel des indépendantistes à bouder le scrutin, ce troisième et dernier référendum prévu par les accords de Nouméa en 1998 a été remporté par les pro-France avec 96,49% des voix, contre 3,51% au oui à l’indépendance, les votes blancs et nuls comptabilisant 2,99%. L’ampleur du résultat est à relativiser par une participation (43,90%) en chute libre par rapport aux deux précédents référendums remportés en novembre 2018 et octobre 2020 par les loyalistes avec respectivement 56,7% puis 53,3% des suffrages.

Sur le plan juridique, l’accord de Nouméa signé sous l’égide du premier ministre d’alors Lionel Jospin, et qui organise la décolonisation de la Nouvelle-Calédonie par étapes, est terminé. «Une période de transition de 18 mois» doit s’ouvrir pour élaborer un nouveau statut dans la République.

Le FLNKS (Front de libération national kanak socialiste) et les nationalistes, qui ont boudé dimanche le scrutin qu’ils espéraient voir repoussé en 2022, ont d’ores et déjà annoncé ne pas reconnaître son résultat, qui «ne pourra pas constituer une base de discussion». Ils ne souhaitent pas non plus discuter «avant la présidentielle» d’avril 2022.

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