
Dans une interview au Figaro, le président sortant et candidat à sa réélection a donné sa position sur l’immigration. Se détachant de l’extrême-droite, Emmanuel Macron a affirmé que la France n’était pas "submergée" par l’immigration, et que le pays avait, au contraire, besoin de main d'œuvre étrangère.
Il tient à se distinguer de l’extrême-droite et le fait savoir. Dans une interview au Figaro, mercredi 6 avril, Emmanuel Macron a réaffirmé sa position sur l’immigration. Non, le pays n’est pas submergé, rappelle-t-il à l'heure où différents candidats affirment le contraire. Valérie Pécresse veut en effet "une grande loi pour reprendre le contrôle de l'immigration et remettre de l'ordre dans le pays", Marine Le Pen souhaite "stopper" la venue d'étrangers, et Éric Zemmour mettre en place, entre autres, un ministère de la "remigration".
Le président sortant et candidat à sa réélection, lui, refuse ce vocabulaire d'invasion migratoire. Et selon les chiffres publiés par l’OCDE en 2021, force est de constater qu'Emmanuel Macron a raison. Avec 10,2 % de la population, la part d’immigrés est même inférieure à la moyenne des pays de l’OCDE. On compte aujourd’hui 6,8 millions d’immigrés pour 67,3 millions d’habitants, (chiffre qui peut monter à 12 % en intégrant les migrants illégaux), contre 7,4 % en 1975.
Parmi ces 6,8 millions d'étrangers, 46 % sont originaires d’Afrique, le reste étant essentiellement d’origine européenne, asiatique, américaine et d’Océanie.
La France est donc un pays de faible immigration par rapport à ses voisins. Sur la dernière décennie, entre 2010 et 2020, la part des personnes nées à l'étranger dans la population totale en France est passée de 11,6% à 13,1%. Soit une hausse de 1,5 point. Pendant la même décennie, la moyenne des autres pays européens a été de 2,2 points… Par exemple, le Royaume-Uni a connu une hausse de 2,9 points et l’Allemagne de 3,3 points.
"Zéro immigration" n'est pas une politique souhaitable
Durant l'entretien, le président a également affirmé que la politique "zéro immigration" n’était pas "souhaitable" ni "réalisable". Pourquoi cette politique "anti-immigrés" est-elle déraisonnable ? Parce qu'économiquement, elle ne tient pas la route. Là encore, le candidat se distingue de ses adversaires d’extrême-droite, notamment Marine Le Pen qui a affirmé que "d’autres solutions (peuvent être mise) en place" plutôt que de recourir à la main d'œuvre étrangère. Sans préciser lesquelles.
En France, un emploi sur dix est occupé par un immigré, c’est-à-dire une personne née à l’étranger (ayant acquis ou non la nationalité française). Une étude de la Direction de l’animation, de la recherche, des études et des statistiques (Dares), publiée en juillet 2021, rapporte que les immigrés occupent une place essentielle dans l'économie en travaillant dans les secteurs dits "en tension" (des métiers rencontrant des difficultés de recrutement par manque de main-d’œuvre disponible).
"Plus les conditions de travail sont difficiles et plus la tension de recrutement est élevée, plus forte est la probabilité que l’emploi soit occupé par un immigré", résume le rapport de la Dares. En France, les personnes immigrées représentent 39 % des employés de maison, 28 % des agents de gardiennage et de sécurité, 27 % des ouvriers non qualifiés du bâtiment.
Malgré ces déclarations, le président sortant ne reste pas moins adepte d'une ligne dure concernant la politique migratoire. "Le projet que je porte permet de renforcer la lutte contre l’immigration clandestine et de faciliter le retour vers leur pays d’origine des étrangers sans titre", a-t-il affirmé. Il s'est notamment prononcé pour des "procédures d'éloignement plus rapides" et a déclaré que le refus d'asile vaudra "obligation de quitter le territoire".