Hicham TOUATI - En marge du conseil administratif de l’Académie régionale d’éducation et de formation (AREF) Fès-Meknès, présidé par le ministre de l’Éducation nationale, une convention revisitée a été scellée avec l’Institut français de Fès. Loin d’être un simple renouvellement, ce partenariat ambitionne d’insuffler une dynamique nouvelle, tournée vers l’équité territoriale et la lutte contre le décrochage scolaire.
C’est dans l’enceinte du lycée Karaouiyine, ce mardi 16 décembre 2025, que l’avenir d’une coopération éducative franco-marocaine s’est réécrit. Sous les yeux du ministre de l’Éducation nationale et des membres du conseil administratif de l’Académie, la Consule générale de France et directrice de l’Institut français de Fès, Carine Foeller Viallon, la directrice de l’institut de Meknès, et le directeur de l’AREF Fès-Meknès ont paraphé une convention de partenariat « revisitée ». Un acte fort, posé en clôture des travaux du conseil, qui dépasse la simple formalité diplomatique pour épouser les priorités éducatives du Royaume.
« Nous voulons donner à ce partenariat ancien un nouvel élan, une nouvelle dynamique », a déclaré Mme Foeller Viallon, soulignant son inscription pleine dans les objectifs régionaux de l’AREF. L’ambition, précise-t-elle, est d’avoir « un impact très concret pour les jeunes, les enseignants et l’ensemble de la communauté éducative », dans une logique de co-construction. La directrice a tenu à dissiper tout malentendu : cette coopération va « bien au-delà de la simple coopération dans le domaine de l’enseignement du français ». Elle embrasse désormais des « priorités éducatives » plus larges et s’étend aux « disciplines non linguistiques ».
Cette vision élargie répond point par point aux objectifs fixés par l’AREF, tels qu’énoncés dans la convention. L’académie marocaine cherche, à travers ce partenariat, à soutenir l’enseignement du français certes, mais aussi à améliorer les apprentissages des élèves de manière globale. Elle y voit un levier pour la formation continue des enseignants, formateurs et inspecteurs, notamment dans l’intégration du numérique éducatif, et un appui pour ses projets éducatifs les plus innovants. Enfin, l’accord doit permettre un meilleur accès des élèves et du corps enseignant aux ressources culturelles et à la médiathèque de l’Institut.
Le cœur battant de cette nouvelle dynamique réside dans une volonté affirmée de décloisonnement et d’équité. « L’Institut français de Fès va sortir de la ville, du milieu urbain, pour aller à la rencontre du public dans les zones rurales », a annoncé avec conviction Carine Foeller Viallon. Une promesse déjà mise en actes. Dès le 13 novembre, une première action a été menée à Taounate, suivie d’une immersion dans un collège pionnier d’Oulad Daoud. Là, des ateliers de conte, de prise de parole, de lecture à voix haute ont été organisés. Mais c’est sans doute l’atelier de « lego éducatif » qui a le mieux incarné l’esprit du partenariat : les enfants y ont construit, pièce après pièce, le monde qu’ils imaginent. « Le monde de demain. C’était vraiment des moments très touchants », a confié la directrice, donnant une dimension presque tangible à des objectifs souvent abstraits. Ces actions « hors les murs », ciblant le préscolaire et le primaire, s’inscrivent directement dans la lutte contre le décrochage scolaire, un fléau que le partenariat entend combattre par des outils pédagogiques renouvelés et le développement des compétences numériques.
Ainsi, cette convention signée sous les auspices du ministre dépasse le cadre protocolaire. Elle scelle une alliance opérationnelle, tournée vers l’action concrète et la justice sociale éducative. En reliant la expertise pédagogique française aux priorités stratégiques marocaines, en faisant le pari de l’innovation et de la mobilité pour irradier depuis Fès vers les territoires ruraux, elle esquisse un nouveau chapitre de la coopération bilatérale. Un chapitre où la langue française devient moins une fin en soi qu’un vecteur au service d’une ambition partagée : outiller la jeune génération marocaine, où qu’elle se trouve, pour qu’elle puisse, à son tour, assembler les pièces de son avenir. Le pari est audacieux, mais les premières briques, à Taounate et Oulad Daoud, sont déjà posées.