
Maglor – Le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau a annoncé ce mercredi, en Conseil des ministres, la dissolution de l’Institut européen des sciences humaines (IESH), centre de formation d’imams et de cadres religieux musulmans basé à Château-Chinon (Nièvre). L’État justifie cette décision par la nécessité de lutter contre "l’entrisme frériste" et de contrer une "idéologie radicale incompatible avec les valeurs de la République".
Une mesure exceptionnelle
Le décret de dissolution, publié au Journal officiel, évoque des "provocations à la haine", des "incitations à la violence et à la discrimination", ainsi que des contenus visant à légitimer le djihad armé. Les autorités estiment que l’institut, créé dans les années 1990, "demeure sous l’influence d’enseignants proches de la mouvance des Frères musulmans", et qu’il véhicule "des discours contraires à l’ordre public et aux principes républicains".
Cette décision marque une étape forte dans la stratégie gouvernementale de lutte contre l’islam radical et les ingérences étrangères dans la formation des imams.
Des soupçons déjà anciens
L’IESH, fondé en 1992 à l’initiative de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF, devenue Musulmans de France), avait déjà fait l’objet de plusieurs mesures administratives et judiciaires :
Décembre 2024 : perquisitions dans ses locaux pour soupçons de blanchiment et de financements étrangers non déclarés.
Juin 2025 : gel des avoirs de l’institut et de deux dirigeants pour six mois.
Juillet 2025 : dissolution volontaire déclarée par l’association, jugée irrégulière par l’État.
Malgré son image d’institution académique formant des imams francophones et des enseignants en théologie islamique, l’IESH est accusé de diffuser des contenus problématiques, y compris à destination de mineurs.
La défense de l’institut
Les dirigeants de l’IESH contestent ces accusations. Son doyen, Larabi Becheri, avait déclaré en juin 2025 :
> "Rien n’est fondé. Le dernier don qatari remonte à 2018 et il a été déclaré. Nous défendons un islam modéré et respectueux des lois de la République."
Pour ses responsables, la dissolution reflète une volonté politique plus qu’une réalité factuelle.
Un symbole fort dans la formation des imams
L’IESH était reconnu pour avoir formé des centaines d’imams francophones depuis plus de trente ans. La fermeture de cet établissement soulève des interrogations sur l’avenir de la formation religieuse musulmane en France, un secteur où l’État encourage désormais des cursus plus encadrés et laïcisés.
Cette décision s’inscrit dans un contexte politique tendu autour de la place de l’islam et de la lutte contre les courants islamistes. Elle envoie, selon le ministre de l’Intérieur, "un signal fort" à ceux qui voudraient "imposer des idéologies étrangères sur le sol français".