
Alors que la XVIIIe édition du Sommet de la Francophonie doit se tenir à Djerba (20-21 novembre 2021), Tunis a accueilli fin septembre les États généraux du livre en langue française dans le monde ainsi que le Congrès mondial des écrivains de langue française. L'occasion de mettre en valeur le taxi culturel de Tunis.
À l'heure où Internet et les séries TV sur les écrans bouleversent les habitudes, Mohamed Kaci (TV5 Monde) part à la rencontre de Tunisiennes et de Tunisiens de toutes les générations qui ne peuvent pas se passer de livres. Qui sont ces inconditionnels ? Comment expliquer le succès des clubs de lecture ? Pourquoi des jeunes continuent-ils à se lancer dans l'écriture en français ? Quelles sont leurs inspirations et leurs références ?
Insistons plus particulièrement sur le taxi culturel de Tunis
Qui prend le taxi à l’étranger aime souvent «tailler une bavette» avec le chauffeur, demander conseil pour une visite, un resto, un commentaire sur le pays, les choses à voir…Si vous avez la chance de tomber sur Ahmed MZOUGI et son « taxi culturel » à Tunis, vous ferez un belle rencontre. Avec ses 27 ans au compteur sur le grand Tunis, il s’enthousiasme sur sa vocation de taximan et plus encore pour la culture qui le passionne depuis son plus jeune âge. «J’étais un moniteur de colonie de vacances pendant mon adolescence et j’aimais déjà beaucoup organiser les activités culturelles, se souvient-il ».
A la suite du Printemps arabe en Tunisie, la culture a commencé à s’ouvrir au plus grand nombre en même temps que la libération de la parole. Aussi, lorsqu’en 2016 est venue l’idée de lancer un réseau de « taxis culturels » à Tunis, comme il en existe à Alger, Ahmed Mzoughi en était l’un des initiateurs. Mais rien de concret n’avait alors pu prendre forme collectivement. C’est ce projet qu’il relance aujourd’hui en espérant qu’il sera vite rejoint par d’autres.
Au fil du temps, et à force d’accueillir des touristes, il s’est vite rendu compte que son taxi était plus qu’un simple moyen de transport et qu’il prenait vraiment beaucoup de plaisir à partager toutes sortes d’informations sur l’histoire, les sites à visiter, les lieux à ne pas manquer. Il s’est aussi très vite rendu compte que ses clients n’étaient pas en reste et qu’à force de converser, ils finissaient même par trouver leur temps de transport moins longs. Fort de ce constat et du plaisir qu’il y prenait, Ahmed s’est dit que même si les trajets resteraient toujours les mêmes, le « taxi culturel » pouvait offrir « un trajet pas comme les autres ». Il a donc voulu en faire un service unique, dans une voiture neuve équipée pas seulement de la clim mais truffé de guides touristiques, de livres et d’un accès à internet.
Et en cette période de confinement, son « taxi culturel » a momentanément remisé ses guides touristiques. Les livres ont été remplacés par le gel hydro-alcoolique et les lingettes désinfectantes et les conversations portent sur le respect des normes de prévention et d’hygiène et de sécurité. Parfois aussi des paquets de médicaments et de matériel médical remplacent les clients.