
L'Institut du Monde Arabe à Paris, un des plus importants dépositaires européens d'art et de culture arabes, célèbre dans sa dernière exposition, «Lumières du Liban», «la créativité prodigieuse des artistes modernes et contemporains du Liban et de sa diaspora».
Un an après l’explosion du 4 août 2020 qui a ravagé le port de Beyrouth, l’Institut du monde arabe rend hommage à la vitalité et à la résilience de la scène artistique libanaise.
Avec l’exposition LUMIÈRES DU LIBAN. Art moderne et contemporain de 1950 à aujourd’hui, l’IMA célèbre la prodigieuse créativité des artistes modernes et contemporains du Liban et de ses diasporas, du lendemain de son indépendance en 1943 jusqu’à nos jours.
L'exposition est divisée en trois périodes, s'échelonnant dans l'ordre chronologique inverse : 2005 à nos jours («Le Liban, un pays aux reconstructions sans fin»), 1975-2005 («Les années sombres»), et 1943 à 1975 («L’âge d'Or»).
«Ce qui a toujours été la force des Libanais… c'est que la fragilité de leur Etat ne les a jamais empêchés d'avancer, de construire, même s'ils vivaient dans un danger constant. Bref, ils vivent au présent, sans occulter la mémoire personnelle et collective », précise Eric Delpont, conservateur du musée de l'Institut du Monde Arabe (IMA), dans le catalogue de l'exposition. «Il me semble qu'en Occident, surtout en Europe, nous ne pourrions pas faire cela, car nous avons besoin d'un sentiment de sécurité».
La plupart des œuvres exposées ont été mises à disposition par les prolifiques collectionneurs d'art arabe Claude et France Lemand. C'est Claude qui a proposé le titre de l’exposition, expliquant qu'il considère les artistes comme les «lumières du Liban».
«Je veux dire avant tout ceux qui ont fait de Beyrouth la ville lumière de l'Orient, qui ont brillé à toutes les époques de son histoire tourmentée, même si au fil des décennies, les clans dominants, qui ne défendent que leurs intérêts, ont plongé le Liban dans un chaos politique, économique, financier, social, sanitaire et même culturel», affirme Lemand dans le catalogue. «Mais le Liban reste toujours un pays d'où brille la lumière».
Ces quelques moments forts de l'exposition sont décrits par Lemand comme «juste une goutte dans l'océan, en ce qui concerne ce pays dévasté, mais au moins nous avons la satisfaction d'avoir motivé et même inspiré de nombreux artistes, de toutes les générations».
De 1950 à aujourd’hui : Trois générations d’artistes modernes et contemporains
LUMIÈRES DU LIBAN rappelle la place singulière de la scène libanaise des arts plastiques depuis l’indépendance du pays, et rend compte de la complexité et de la richesse artistique, humaine, géographique, historique et culturelle du Liban. Scandée par des conflits et des crises allant de la guerre civile (1975-1990) jusqu’à l’explosion du port de Beyrouth en août 2020, cette histoire, parfois chaotique, ne doit pas occulter son rôle de creuset culturel majeur, toujours bien vivant aujourd’hui : Un rôle joué par ce pays depuis l’Antiquité, ainsi qu’en témoignait l’exposition « Liban, l’autre rive » présentée à l’IMA en 1998-1999. L’exposition retrace en filigrane sept décennies d’histoire de l’art que scandent l’effervescence après l’indépendance du Liban en 1943 et l’après-Deuxième Guerre mondiale, les déchirures de la guerre civile et de l’exil, le bouillonnement artistique de la mondialisation...