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Ukraine : Deux ONG marocaines intercèdent auprès de Poutine pour Brahim Saadoun

L’association d’amitié maroco-russe et le Comité marocain pour la paix et la solidarité ont lancé un appel à Vladimir Poutine au sujet de la condamnation du jeune marocain Brahim Saadoun.

(AN) - L’association d’amitié maroco-russe, créée par Feu le roi Hassan II, et le Comité marocain pour la paix et la solidarité ont lancé un appel au président russe, Vladimir Poutine au sujet de la condamnation de Brahim Saadoun dans les régions séparatistes de l’Ukraine. Les deux ONG marocaines ont formellement demandé, ce vendredi 11 juin, au maître du Kremlin, d’intervenir en faveur de l’étudiant marocain condamné à mort par les autorités séparatistes prorusses de Donetsk.

La demande formulée par les deux associations présente une requête de suspension de l’exécution de la peine de mort prononcée à l’encontre de Brahim Saadoun, pour sa participation aux combats avec les forces armées ukrainiennes.

Dans le message adressé à Vladimir Poutine ces organisations non gouvernementales  estiment que l’étudiant a été mêlé à un conflit armé qui ne le concerne aucunement. Dès lors, toute condamnation pesant sur lui serait, d’après les termes choisis dans la lettre adressée au dirigeant russe: «un crime contre sa personne».
Le plaidoyer en faveur de la grâce insiste sur l’irresponsabilité du jeune homme enrôlé essentiellement en tant que traducteur. «Nous considérons que ce jeune étudiant marocain s’est mêlé contre son gré aux opérations militaires d’une manière inconsciente vue la fragilité de son état d’esprit. Nous sollicitons de Votre Excellence votre intervention auprès du tribunal qui a condamné le jeune homme à la peine de mort pour que cette peine ne soit pas exécutée», ont expliqué, dans la lettre adressée à Vladimir Poutine, les deux associations.

Parcours

La grande majorité des étudiants étrangers ont été transférés en Pologne en tant que réfugiés depuis que la guerre russo-ukrainienne a commencé. Certains d’entre eux ont été empêchés de quitter le territoire en guerre. Les étudiants, maîtrisant plusieurs langues, notamment l’anglais, ont été reconduits à Kiev.

Dans un premier temps, leur mission, pour l’essentiel, a été de servir l’armée en tant que traducteur de l’anglais vers l'ukrainien, tandis que le pays agressé a reçu quantité d’armes et d’aides de la part des pays occidentaux. Brahim Massoud faisait partie de ceux-la. Maîtrisant cinq langues, il a intégré un groupe composé de camarades ingénieurs de sa promotion: un Français, deux Britanniques et un étudiant asiatique.

Mercenaires
Le groupe d’étudiant s’est ensuite enrôlé dans les combats à l’Est de l’Ukraine. Brahim Saadoun et deux autres ressortissants britanniques, avaient été faits prisonniers dans l'est du pays dans la région de Donetsk, où ils combattaient pour Kiev.

Les trois ressortissants étrangers ont été condamnés à mort ce jeudi 9 juin pour  «mercenariat» par les séparatistes prenant le contrôle de cette zone disputée. 
Selon l'agence de presse officielle russe TASS «La cour suprême de la République populaire de Donetsk a condamné à mort les Britanniques Aiden Aslin et Shaun Pinner et le Marocain Brahim Saadoun, accusés d'avoir participé aux combats comme mercenaires».

Le père de Brahim Saadoun, cadre dans la gendarmerie, a affirmé à plusieurs médias marocains que son fils n'était pas un mercenaire. Il avait accusé, dès avril, les forces armées ukrainiennes de recruter les étudiants étrangers pour les enrôler de force dans la guerre. 

Badr Saoudi

En savoir plus

Qui est Brahim Saadoun ?

Dans sa livraison du 10 juin, le quotidien Assabah dresse le portrait de Brahim Saadoun et apporte de nouvelles révélations sur ce Marocain propulsé sur le devant de la scène suite à sa condamnation à la peine de mort ce 9 juin à Donetsk. Il s’agit d’un étudiant marocain, détenteur de la nationalité ukrainienne. Selon le journal, il fait partie de ces cerveaux ayant quitté le Royaume pour poursuivre leurs études et leur carrière à l’étranger.

L’étudiant est un produit de l’école publique. Après un cursus primaire à Agadir, il poursuit ses études à Casablanca, où son père, cadre de la Gendarmerie royale, est affecté en tant que directeur des enquêtes - un poste qu’il va occuper jusqu’à sa retraite. Baccalauréat en poche en 2018, l’étudiant décide alors de poursuivre ses études dans un premier temps en Russie, avant que les recherches ne le mènent de l’autre côté de la frontière.

En Ukraine, Brahim Saadoun est le seul musulman admis dans un programme d’études, coordonné par les pays occidentaux. Ce programme est réservé uniquement aux étudiants issus des pays participants, ce qui contraint l’étudiant marocain à obtenir la nationalité ukrainienne. Après des tests et un stage quasi-militaire de 14 mois, il rejoint dès lors une promotion triée sur le volet, pour des études d’aérodynamique et techniques de l’espace à Kiev.

Pour subvenir à ses besoins, Brahim Masoud pouvait compter sur une bourse mensuelle de 900 dollars (8894,25 dirhams) octroyée par la faculté, précise le quotidien Assabah. Un montant largement suffisant lorsqu'on sait que le SMIG en Ukraine ne dépasse pas 196 dollars (1936,97 dirhams). Mais comment cet étudiant prédestiné à un brillant avenir s’est retrouvé sur le banc des accusés ce 9 juin?

Alors que la guerre russo-ukrainienne bat son plein, la majorité des étudiants ont été transférés en Pologne et empêchés de rejoindre leur pays d'origine. En revanche, d’autres étudiants, maîtrisant l’anglais, ont été reconduits à Kiev pour servir en tant que traducteur de l’anglais vers l’ukrainien, alors que le pays reçoit des armes et des aides alimentaires occidentales.

Maîtrisant cinq langues, le Marocain Brahim Massoud faisait partie de ces étudiants rapatriés à Kiev. Fort de cette capacité linguistique, il a rejoint une équipe composée de camarades de promotion: deux Britanniques, un Français et un étudiant originaire d’un pays asiatique, précise le journal arabophone.

Confrontés aux affres de la guerre, les cinq étudiants se sont rendu compte du danger encouru. Ils ont donc décidé de se livrer aux autorités russes. Sauf qu'ils ont été interpellés par l’armée et poursuivis pour des crimes graves, notamment “le mercenariat” et finalement condamnés à la peine de mort. 

Français
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