Chaque année à la même époque, au mois d’avril, la diplomatie marocaine est mise à rude épreuve. « Bis repetita placent » en 2018, mais outre le dossier du Sahara et ses ramifications, elle doit se déployer sur plusieurs fronts à la fois : le Mondial 2026, la consolidation des positions du Maroc en Afrique et la défense de ses principaux dossiers au sein des instances onusiennes et européennes.
Rien n’est joué, il faut persévérer.
A la différence des Etats de la région, le Maroc a su s’épargner en 2011 un printemps dévastateur qui a mis à genou des régimes qui se croyaient éternels, rendu exsangue des économies et précarisé les couches populaires les plus fragiles. Le Maroc a également réussi, en dépit d’un climat sociale tendu, d’une forte poussée migratoire, de partis politiques attentistes, à se placer sur une trajectoire faisant du développement économique et humain la matrice d’une dynamique nationale. Cette même dynamique traversa ses frontières vers un Continent africain dont il se sent proche et se considère lié par la culture et par l’histoire. Les efforts diplomatiques, politiques et économiques que le Maroc a consentis pour réintégrer « sa maison africaine » et retrouver un rôle et une place au sein des instances africaines sont considérables. Mais, ils ne sont pas vains.
En effet, en dépit d’une mobilisation diplomatique et politique sans vergogne de l’Algérie, et ses alliés de la région, notamment l’Afrique du Sud, le Maroc a relevé les défis que posaient son intégration africaine. Il est désormais membre à part entière de l’UA et compte jouer un rôle dans ses principales instances. Ses relations avec la majorité des États africains se sont développées et consolidées. La diplomatie royale dite des « voyages » a validé la plupart de ses attendus et atteint ses buts. Les accords régionaux ou bilatéraux signés à l’occasion sont venus préciser le partenariat stratégique Sud-Sud et surtout rendre possible l’idée d’une Afrique libre de ses choix économiques et maitresse de son destin politique. Les forces armées marocaines sont impliquées dans la lutte contre le terrorisme et toutes les formes de trafics qui menacent la stabilité de la zone subsaharienne et sahélienne où agissent des groupes criminels qui trouvent dans le « Polisario » un allié objectif. Les principaux groupes industriels et bancaires marocains sont aujourd’hui des acteurs majeurs du développement africain et leur rôle de vigies de la diplomatie africaine du Maroc n’est pas négligeable.
L’action du Maroc au sein des instances onusiennes et européennes mérite également une mention honorable. La tâche des diplomates marocains, à New York, à Genève, à Bruxelles ou à Strasbourg, n’est pas de tout repos. Le lobbying algérien y bat son plein sous des formes diverses qui mobilisent des moyens financiers conséquents. C’est ce travail de lobbying institutionnel, pratiqué ouvertement par Alger ou sous-traité aux ONG qui lui sont inféodées et financièrement redevables, qui porte préjudice à l’image du Maroc et à ses intérêts. Pour preuve, c’est la Western Sahara Campaign UK, un lobby pro-Polisario à la solde d’Alger qui est derrière l’arrêt rendu, le 27 février 2018, par la Cour européenne de justice (CJUE), concernant l’affaire (C-266/16) relative à l’accord de pêche signé entre le Maroc et l’UE.
Ce lobbying doit être dénoncé et combattu comme il se doit. Son impact sur les opinions publiques occidentales est beaucoup plus important que les gesticulations politiques et les « incursions du Polisario » dans la zone tampon, à Guerguerat ou ailleurs (Tifariti, Bir Lahlou). Et c’est sur le terrain du lobbying politique et de la sensibilisation-mobilisation des sociétés civiles que le Maroc enregistre les insuffisantes les plus grandes.
L’union, la fermeté et la rigueur comme réponse
Douter de la volonté du Maroc à défendre sa souveraineté territoriale ou jeter l’opprobre sur la diplomatie marocaine, surtout dans ces moments délicats où les intérêts supérieurs du pays sont menacés, serait la pire des postures. Que l’on ne s’y trompe pas, si le Maroc fait preuve de retenue et de sérénité dans la gestion de la situation actuelle, ce n’est pas par faiblesse. Il maitrise son sujet et sa confiance en sa diplomatie, en ses forces militaires et le soutien de la Nation, est sans conteste.
Bien entendu, si failles il y a dans l’action diplomatique et gouvernementale, il est légitime, c’est même un devoir, de les relever et tout mettre en œuvre pour réduire leur impact. Mais s’il y a manquement au devoir national, quel que soit le niveau de responsabilité, ou une volonté manifeste de nuire aux intérêts nationaux, il est du devoir de tout marocain de les condamner fermement.
La rigueur et la fermeté sont, dans de telles circonstances, la meilleure réponse possible que le Maroc doit opposer à tous ceux qui portent atteinte à sa souveraineté. En effet, « Avec la même fermeté et la même rigueur, le Maroc fera face à toutes les tentatives visant à remettre en question le statut juridique du Sahara marocain et à contester l’exercice par notre pays de la plénitude de ses pouvoirs sur son territoire, tant dans ses provinces du Sud qu’au Nord. Cela exige de chacun de redoubler d’efforts et de rester vigilant et mobilisé pour faire connaitre la justesse de notre Cause et le progrès dont jouit notre pays, et contrecarrer les manœuvres des adversaires » affirme le Roi Mohammed VI dans son discours du 6 novembre 2015, prononcé à l’occasion de la Marche Verte.
A bon entendeur....
Mohammed MRAIZIKA
Docteur en Histoire, Chercheur en Sciences Sociales,
Consultant en Ingénierie Culturelle