Maglor - Les récentes déclarations de Najla al-Mangoush, ancienne ministre des Affaires étrangères du gouvernement d'unité nationale libyen, ont créé un séisme politique en Libye et mis Abdelhamid Dbeibah, le Premier ministre actuel, dans une position délicate. À l’origine de cette agitation, une rencontre secrète entre al-Mangoush et le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, en août 2023. Cette réunion, qui a eu lieu en Italie, a été un sujet de controverse majeure après sa révélation, car elle a été perçue comme un signe de rapprochement avec Israël, un geste hautement sensible dans le contexte politique et social de la Libye.
Une Rencontre Secrète avec Israël
Le gouvernement libyen, déjà fragile, a été secoué par la nouvelle de cette rencontre, au cours de laquelle les deux responsables ont discuté de sujets économiques et stratégiques, notamment des questions liées aux ressources naturelles méditerranéennes, telles que les droits sur les gisements de gaz. Selon al-Mangoush, lors de cette rencontre, elle a réaffirmé le soutien traditionnel de la Libye à la cause palestinienne, soulignant que l’objectif n’était en aucun cas de normaliser les relations avec Israël. Cependant, cette explication n’a pas suffi à apaiser les critiques et a renforcé la méfiance d’une grande partie de la population libyenne qui voit en toute forme de contact avec Israël une trahison de la solidarité arabe et musulmane envers la Palestine.
La Réaction du Gouvernement Libyen
Les révélations ont rapidement entraîné des manifestations en Libye, principalement à Tripoli et Misrata, où des milliers de Libyens ont exigé la démission de Dbeibah et la révision des politiques du gouvernement. Les manifestants ont dénoncé cette rencontre comme un acte de trahison, arguant qu'elle était contraire aux principes libyens et aux attentes populaires vis-à-vis du gouvernement. Ce climat de mécontentement populaire a mis Dbeibah dans une position inconfortable.
Face à la crise, le Premier ministre Dbeibah a suspendu al-Mangoush de ses fonctions, prétextant que la rencontre n’avait pas été autorisée par le gouvernement. Cependant, al-Mangoush a vivement contesté cette version des faits, affirmant que la rencontre avait bien été organisée avec la connaissance de Dbeibah et du gouvernement, et que la décision de l'exclure relevait d’une stratégie de défaussement de responsabilité.
Une Crise de Confiance au Sein du Gouvernement
La dispute entre al-Mangoush et Dbeibah ne fait qu'exacerber les divisions internes du gouvernement libyen, déjà affaibli par des luttes de pouvoir persistantes entre ses différentes factions. La scène politique libyenne est marquée par une fragmentation qui empêche une gestion cohérente du pays, et les révélations de l'ex-ministre des Affaires étrangères n’ont fait qu'augmenter la pression sur un gouvernement déjà en crise.
Al-Mangoush, une figure politique influente, a aussi exprimé son mécontentement envers l’attitude de Dbeibah, l’accusant d’une gestion opaque et d’un manque de communication avec le peuple libyen. Elle a aussi dénoncé l'absence de clarté sur la position officielle du gouvernement en matière de politique étrangère, notamment vis-à-vis des relations avec Israël, créant ainsi un vide diplomatique qui alimente les incertitudes.
La Libye face à une Nouvelle Crise Diplomatique
Alors que la Libye traverse une période de transitions politiques complexes, ces tensions internes mettent à jour une lutte de pouvoir qui pourrait retarder la stabilisation du pays. Les divisions au sein du gouvernement et l’incertitude concernant ses orientations diplomatiques compliquent encore la situation, d'autant plus que la Libye cherche à regagner un rôle diplomatique et économique sur la scène internationale.
Les événements récents soulignent une fois de plus l’urgence de réconcilier les divergences politiques internes et de trouver un consensus national capable de faire face aux défis diplomatiques de la Libye, notamment sa position vis-à-vis d’Israël et de ses relations avec d'autres pays de la région.