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Polémique : Vert de rage contre les phosphates au Maroc

Les engrais phosphatés sont indispensables à l'agriculture moderne, notamment pour la culture de la pomme de terre. Au Maroc, le pays qui détient les plus grandes réserves de phosphate, des habitants se plaignent des impacts de la production d'engrais sur leur environnement et leur santé. Dans le but de les aider à rassembler des données scientifiques, le journaliste Martin Boudot et son équipe, en collaboration avec des biologistes, partent à la recherche des preuves de cette contamination, au Maroc, mais aussi en France. Une émission pour ce dimanche soir sur France 5 qui soulève la protestation d'un journaliste marocain.

Le documentaire ne sera visible du public que ce dimanche 19 septembre à 20 h 55 sur France 5, mais déjà il fait polémique. Un journaliste marocain, Salah Eddine KHAROUA, qui a été interviewé par le réalisateur proteste et inonde la presse marocaine et française d'un communiqué de dénonciation. En voici le texte :

“Après avoir visionné le documentaire « Vert de rage/Maroc » (produit par la société Première Ligne Télévision), dans sa version finale, je ne peux qu’être dans l’obligation d’affirmer que cette émission contribue profondément à la désinformation du grand public.

En effet, j’ai été abusé par M. Martin Bourdot qui, profitant de mon engagement citoyen pour ma ville de Safi, mais aussi de mes conditions financières, a procédé à une série de manipulations.

Je dois rappeler que j’ai accepté de prendre part à cette production en raison aussi de mes préoccupations pour protéger l’environnement et de par ma qualité de journaliste en perpétuelle recherche d’évolution professionnelle.

Je remarque, avec amertume et regret, que les instigateurs de cette émission avaient, malheureusement, un agenda caché qui n’avait rien à voir avec ce qu’ils avaient déclaré, et le récit de leur réalisation était sans doute préparé avant même leur arrivée au Maroc.

Cet agenda caché ne vise que l’atteinte aux intérêts du Maroc en s’attaquant, entre autres, à un fleuron de l’économie nationale (OCP).

Je dénonce, de fait, que ma participation à cette émission a été dévoyée de son contexte général, censé être objectif, pour servir sournoisement les intérêts propres de parties occultes.

Elles veulent, fort malheureusement, faire flèche de tout bois pour s’attaquer à mon pays. Je tiens également à dénoncer ce manquement grave à la déontologie du métier de journaliste et à son éthique professionnelle.

Je croyais faire partie d’un projet de vrai journalisme d’investigation, mais, hélas, je découvre que j’ai participé, à mon insu, à des pires formes de journalisme orienté et manipulé, répondant au doigt et à l’oeil à des parties hostiles au Maroc.

Il suffit pour s’en convaincre de relever que M. Bourdot prétend dans le film que les eaux analysées en France proviennent des puits apparaissant dans les séquences, alors que, dans la réalité, il s’agit d’échantillons prélevés dans les bassins de décantation.

En effet, j’ai conclu avec la société PLT un contrat de prestation de service de fixeur.

Cela m’oblige « à faire des prélèvements d’eaux, de sols et de végétaux ». Cette manipulation, non seulement nuit gravement à mon pays en dénaturant la réalité, mais aussi me discrédite professionnellement, ruinant ainsi mes ambitions journalistiques.

Cette action préméditée s’est étendue à la manipulation de la population locale vulnérable. Dans cette perspective, M. Bourdot imposait des réponses à des questions qu’il prétendait pédagogiques.

Or, il est apparu qu’à l’issue du tournage, de telles réponses ont été inscrites dans un cadre de dramatisation afin de choquer artificiellement le public en versant dans le sensationnel.

Au vu de ce qui précède, je me réserve l’opportunité d’user de toute voie de droit pour rétablir la vérité et défendre ma réputation et mon intégrité.”

Fait à Safi, le 15 septembre 2021.   Salah Eddine KHAROUAI

Qui est visé ? Le Maroc ou une certaine forme d'agriculture mondialisée ?

Pour juger la polémique, on sera tous devant le poste de télévision ce dimanche soir pout apprécier sur pièce. Mais d'ores et déjà on peut dire que ce reportage, aussi contestable soit-il, vise moins le Maroc qu'une certaine forme de journalisme militant contre les méthodes actuelles de l'agriculture. C'est ce que certains dénoncent sous le terme d'agribashing.

Le site laminute.info vient de consacrer un dossier sur le sujet où il met en cause les méthodes d'investigation et la communication coup de poing de certains journalistes, dont Martin Bourdot, pour combattre l'agriculture intensive et polluante dans le monde (voir ici). 

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