Maglor - Le 14 septembre 2024 à Barcelone, M. Driss El Yazami, président du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), a participé à une cérémonie d'hommage en mémoire de feu Ahmed Ghazali, décédé subitement le 26 juillet 2024 à Laâyoune. Cet événement a réuni amis, collègues et figures de la scène culturelle internationale pour honorer un homme dont la vie et les œuvres ont profondément marqué les mondes de l'ingénierie, de la culture et des arts.
Un Humaniste aux Multiples Facettes
Ahmed Ghazali était bien plus qu'un ingénieur ou un homme de théâtre ; il incarnait un humaniste, animé par la volonté de promouvoir et de préserver le patrimoine culturel. Installé à Barcelone depuis 2004, il a consacré sa vie à la création de musées et d'espaces culturels à travers le monde. Parmi ses réalisations notables figurent le Musée de la Civilisation de l'Eau du Maroc à Marrakech, l'Ecomusée Minier de Jerada, le Musée régional d'Al Hoceïma, ainsi que le Parc de la Préhistoire de Sidi Abderrahmane à Casablanca. Ces projets témoignent de son enrichissement à l'éducation et à la transmission du savoir, tout en mettant en lumière l'importance du patrimoine marocain sur la scène internationale.
Interrogé sur ce qui l'a le plus marqué chez son ami de longue date, M. Driss El Yazami a déclaré :
« Ce qui m'a toujours frappé chez Ahmed, c'est son humanisme profond et sa capacité à lier des mondes qui semblent éloignés. Il avait une curiosité insatiable pour les cultures, les histoires et les gens. Que ce soit à travers ses projets muséologiques ou ses pièces de théâtre, il cherchait toujours à relier le passé au présent, et à offrir des espaces de réflexion pour mieux comprendre l'avenir. Son engagement intellectuel et artistique était inébranlable, mais c'était surtout sa générosité et sa bienveillance envers les autres qui faisaient de lui un ami exceptionnel. »
Un dramaturge de renommée internationale
En plus de ses réalisations dans la muséologie, Ghazali s'est illustré en tant que dramaturge de renommée internationale. Ses pièces de théâtre, traduites en plusieurs langues, ont été jouées dans des villes telles que Toronto, Madrid, Casablanca, Bruxelles, Londres, et même Sydney. Parmi ses œuvres les plus acclamées figurent L'agneau et la baleine , qui lui a valu le Prix SACD en 2001 pour l'écriture dramatique, ainsi que Tombouctou, 52 jours à dos de chameau et Travessies . Ces pièces, riches en réflexions philosophiques et humaines, ont touché des publics divers, transcendant les frontières culturelles.
Un Défenseur de la Création Urbaine
Ghazali était également un fervent défenseur de la création artistique et de l'innovation dans les espaces urbains. Co-fondateur de Jiwar Creation and Society, une organisation culturelle basée à Barcelone, il a joué un rôle clé dans l'accueil de plus de 300 artistes et écrivains du monde entier. Grâce à ce projet, il a su créer un pont entre les cultures et promouvoir la diversité artistique, en offrant aux créateurs un espace où ils ont pu s'exprimer librement.
Un héritage durable
À la question de l'impact que l'héritage d'Ahmed Ghazali continuera d'avoir sur la scène culturelle, M. Driss El Yazami nous a répondu :
« Je suis convaincu que l'héritage d'Ahmed continuera à inspirer de nombreux artistes, penseurs et intellectuels, tant au Maroc qu'à l'international. Ses musées sont des lieux où le savoir et la mémoire collective sont préservés, tandis que ses pièces de théâtre offrent encore des réflexions contemporaines sur les défis universels. Son influence dépasse largement ses réalisations visibles ; c'est son esprit, son engagement envers la diversité culturelle et sa volonté de tisser des ponts entre les civilisations qui résonneront pour les générations futures. »
Dans une publication éditée par la famille à l'occasion de cette cérémonie d'hommage, M. Driss El Yazami a également ajouté :
« Un ami et un compagnon de plus de 15 ans, plusieurs projets nous ont réunis… Il est ainsi parti alors qu'il était dans la force de l'âge, enthousiasmé à l'idée de mener de front [ses] projets… dont celui, plus personnel, de la réflexion philosophique et de l'écriture. Il est parti alors qu'il avait encore tant à donner et de si belles idées à concevoir et à mettre en œuvre. » Ces mots illustrent l'immense perte que représente le décès de Ghazali pour la communauté artistique et culturelle.
Conclusion
Feu Ahmed Ghazali laisse derrière lui un héritage incommensurable. À travers ses musées, ses pièces de théâtre et ses initiatives culturelles, il a contribué à façonner un monde plus éclairé, plus ouvert à la diversité et à l'innovation. Cette cérémonie d'hommage à Barcelone a été l'occasion de se souvenir non seulement de l'homme qu'il était, mais aussi des valeurs qu'il a portées tout au long de sa vie. Un véritable hommage à un humaniste qui, malgré son départ prématuré, continue d'inspirer des générations d'artistes et de penseurs.