Maglor - Le Ministère Délégué auprès du Chef du Gouvernement chargé des Relations avec le Parlement a récemment lancé l’appel à candidatures pour la 6e édition du Prix de la Société Civile. Cette initiative vise à récompenser les associations, organisations et personnalités civiles des Marocains Résidant à l’Étranger (MRE), reconnaissant ainsi leur contribution au développement du Maroc et à la société civile. Cependant, un problème majeur se dessine : l’exclusivité de la langue arabe dans les formulaires de candidature, qui soulève des questions d’accessibilité pour une communauté MRE aussi diversifiée linguistiquement.
Une diaspora multilingue et multiculturelle
Les MRE sont une communauté plurielle, composée de personnes parlant une variété de langues. Si certains maîtrisent l’arabe, beaucoup d’autres utilisent des langues comme le français, le tachelhit (amazigh du sud), le tarifit (amazigh du nord), ou encore le néerlandais. D’autres MRE résidant en Italie ou en Allemagne parlent principalement l’italien ou l’allemand, et mènent régulièrement des initiatives au Maroc. Exiger des formulaires de candidature uniquement en arabe pose un obstacle de taille pour une grande partie de cette diaspora, qui contribue pourtant activement au développement de leur pays d’origine.
Le cas de Mohammed N. : un exemple révélateur
Prenons le cas de Mohammed N., un MRE de formation française, qui mène régulièrement des projets dans sa région natale au Maroc. Actuellement, il n'est même pas au courant de cette initiative, peu médiatisée au sein de la communauté des MRE. Lorsqu’il a découvert le prix par hasard, il a rapidement été confronté à un obstacle majeur : l'intégralité des documents est en arabe, une langue qu'il ne maîtrise pas. ""Je peine à trouver un traducteur pour m'aider à remplir le formulaire. Je ne vais quand même pas demander au directeur de Dar Attaliba ou aux autres institutions avec lesquelles je collabore au Maroc de me donner un coup de main pour la traduction.", confie-t-il. Ce manque de communication multilingue risque de décourager des personnes comme lui, malgré leur engagement envers le Maroc.
Des initiatives menées au Maroc, mais des langues diverses
Même pour des initiatives menées au Maroc, les MRE utilisent fréquemment des langues autres que l’arabe. Par exemple, les MRE résidant en France, en Belgique ou aux Pays-Bas peuvent souvent échanger en français avec leurs partenaires et collaborateurs locaux. Les associations marocaines en Italie ou en Allemagne sont, elles aussi, confrontées à des réalités linguistiques qui ne correspondent pas forcément à l’arabe. Restreindre le processus de candidature à une seule langue exclut donc une grande partie de ceux qui, malgré leur engagement pour le Maroc, ne sont pas à l'aise avec l’arabe classique.
Un manque de reconnaissance de la diversité des MRE
L’exclusivité de la langue arabe dans les formulaires de candidature semble ignorer la diversité linguistique et culturelle des MRE. Cette situation pourrait donner l’impression que seuls ceux qui maîtrisent l’arabe sont valorisés, alors que cette communauté est riche de ses langues variées et de ses parcours internationaux. Le ministère, en n’adaptant pas son dispositif à la réalité plurilingue des MRE, passe à côté d’une occasion de reconnaître pleinement la contribution de chacun, quelle que soit sa langue.
Le besoin d’un processus plus inclusif
Pour rendre ce prix véritablement accessible et représentatif des initiatives des MRE, le ministère devrait proposer des formulaires multilingues. Offrir des versions en français, anglais, néerlandais, permettrait de rendre le prix plus inclusif et d’inciter un plus grand nombre de MRE à postuler. Cela soulignerait également l’ouverture du Maroc à la diversité des compétences et des initiatives que sa diaspora peut apporter.
Une initiative louable, mais perfectible
Le Prix de la Société Civile est une initiative précieuse pour reconnaître les contributions des MRE, mais son efficacité pourrait être considérablement renforcée en adaptant son processus aux réalités linguistiques de cette diaspora. En proposant des formulaires de candidature en plusieurs langues, le ministère ferait un geste symbolique fort et encouragerait une participation plus large et plus représentative de la diversité des Marocains à travers le monde. Mohammed N., et bien d'autres, pourraient alors concourir à ce prix sans barrières linguistiques, mettant en avant des projets qui renforcent le lien entre le Maroc et sa diaspora.
Reste à voir si le ministère répondra à cet appel pour un prix réellement inclusif.
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