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Maroc : Files interminables de MRE devant les Affaires consulaires et sociales à Rabat

A Rabat, un seul bureau de la direction des affaires consulaires et sociales couvre tout le Maroc, pour traiter les demandes des Marocains du monde. En séjour dans le pays, ces derniers se tournent vers cette administration pour leurs documents administratifs. La gestion de l’afflux important crée la colère du voisinage, notamment des médecins en cabinet.

Relevant du ministère des Affaires étrangères, la direction des affaires consulaires et sociales ouvre ses portes tous les jours de la semaine, à la Résidence Saâda de Rabat, pour traiter les demandes des Marocains du monde sur place, parmi d’autres prérogatives. Mais à chaque période estivale, particulièrement cette année, après deux ans de restrictions sanitaires, le nombre d’affluents est sans précédent. Les demandes grandissantes des MRE en séjour estival, pour obtenir des documents administratifs, révèlent les limites de la gestion de cet espace, devant lequel les files d’attente peuvent se compter sur deux, voire trois étages, sans oublier celles en bas du bâtiment.

«Chaque matin, une centaine de personnes sont agglutinées dehors, à l’entrée, et attendent sans être servies, ce qui multiplie leur colère», a déclaré à Yabiladi le voisinage. Des médecins, qui ont leurs cabinets de consultation dans ce même bâtiment, se sont dits «révoltés». Il y a quelques jours, un jeune belgo-marocain «a fait un malaise en attendant son tour, devant un file déjà longue depuis la matinée», se sont inquiétés les praticiens auprès de notre rédaction, tout en s’interrogeant sur ce traitement de rendez-vous.

Soufiane, le jeune belgo-marocain, s’est confié à Yabiladi sur la situation sur place. «L’accueil est mal organisé et même à l’intérieur, le système n’est pas informatisé, les choses ne sont pas facilités, le circuit n’est pas fluide… Pour une simple photocopie de pièce d’identité, il faut redescendre et traverser l’avenue, puis revenir à l’administration», a-t-il indiqué. «Je suis arrivé de Casablanca à Rabat à 8h30, j’ai été mal orienté vers l’adresse de la direction, donc je suis reparti vers le centre-ville où elle se trouve. Déjà en matinée, nous étions une centaine de personnes à attendre notre tour et la file se rallongeait. Nous sommes devenus des centaines», se souvient-il, décrivant plusieurs personnes en colère, «protestant contre la situation».

Une absence de prise en charge à l’accueil

Deux heures plus tard, Soufiane se sent mal. «Je ne savais pas si c’était de l’angoisse ou un malaise cardiaque. Je sentais que j’allais m’évanouir. Un médecin de l’immeuble m’a pris en charge et m’a examiné, en m’assurant que c’était une chute de tension. Même après, j’ai continué à me sentir mal, car j’étais secoué et il fallait encore rester sur place pour attendre mon tour et retirer les documents», se rappelle-t-il.

«Je viens seulement de Casablanca, mais la plupart de nous ont fait des centaines de kilomètre pour être ici, depuis Al Hoceïma, Oujda, Marrakech… J’ai du mal à croire qu’une seule administration qui traite ce genre de demande couvre tout le Maroc, et qu’il n’y ait pas de petites annexes dans quelques autres villes pour couvrir les régions.»

«Je pense que je peux m’estimer heureux, car je suis encore jeune, je ne souffre pas de maladies chroniques. C’est peut-être la seule chance que j’ai eue. D’autres personnes avec moi étaient âgées, cardiaques ou hypertendues, avec des enfants qui attendaient dans les mêmes conditions, dans des escaliers mal aérés et mal éclairés, avec une canicule à l’extérieur», confie encore Soufiane. Contactée par Yabiladi à plusieurs reprises et sur des numéros différents, la direction des affaires consulaire et sociales n’a pas donné suite à ses appels téléphoniques.

Pour le MRE, «il y a des requêtes concernant des documents administratifs qui peuvent très bien être traitées via Internet, pour alléger un tant soit peu et la direction, et les familles qui se déplacent de partout du Maroc ; c’est le cas également pour la prise de rendez-vous». «Il est difficile de penser que ce seul bureau couvre toutes les demandes des Marocains du monde qui viennent au pays en été», déplore-t-il encore.

Ghita Zine (Yabiladi)

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