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Cinéma : «Abdelinho», l'histoire surréaliste d'un Marocain qui rêve du Brésil

Abdelinho est un jeune Marocain coincé entre une mère tyrannique et un travail bureaucratique qui rêve d'un Brésil sensuel et imaginaire, avec, comme seule fenêtre sur le géant sud-américain, ses télénovelas.

(AFP) - Réalisé par Hicham Ayouch, ce quatrième film du réalisateur marocain -- frère du célèbre cinéaste Nabil Ayouch ("Much loved", "Haut et fort") -- sort mercredi dans les salles, près de deux ans après avoir rencontré le succès dans son pays.

Tout dans le film est à la fois loufoque et onirique, à commencer par la relation fantasmée entre le protagoniste (Aderrahim Tamimi) et la belle Maria (Inês Monteiro), héroïne d'un feuilleton qu'Abdelinho suit fidèlement depuis son refuge sur le toit de sa maison, loin du regard désapprobateur de sa mère.

Ce réalisme magique, le réalisateur le revendique, disant avoir été inspiré par les écrivains sud-américains Gabriel García Márquez ou Mario Vargas Llosa.

"J'ai été au Brésil deux ou trois fois dans ma vie. Ce n'est pas un pays qui représente quelque chose de très puissant dans mon imaginaire. Ce qui m'intéresse, c'est ce que représente le Brésil dans l'inconscient collectif", explique le réalisateur de 47 ans dans un entretien à l'AFP via Zoom.

"En termes de liberté du corps et de liberté sexuelle, quand on naît dans un pays comme le Maroc, c'est un pays qui est très schizophrénique. On peut avoir l'impression qu’on est à Ibiza et la minute d'après à Kaboul", poursuit-il.

"Le Brésil est une sorte d'échappatoire métaphorique à cette réalité".

«Parfois, ça explose»

Mais voila, l'arrivée du télé-prédicateur islamiste Amr Taleb (Ali Suliman) constitue une menace pour Abdelinho, qui a mis en place des cours de samba pour les femmes de sa ville.

"L'inspiration est venue d'Egypte, où il y a un prêcheur qui est une star", précise Hicham Ayouch.

Hicham Ayouch a mis huit ans à repasser derrière la caméra après "Fièvres" (2013), beaucoup plus sombre, sur un jeune perdu dans la banlieue parisienne, théâtre d'émeutes.

"Je ne pense pas qu'il y ait plus d'espoir ici qu'en France. Je pense que la situation est très difficile pour les jeunes des quartiers pauvres du monde entier. Et parfois, ça explose. Au Maroc, parfois les jeunes explosent. Parfois ils prennent le bateau", direction l'Europe.

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