
L’Institut du Monde Arabe lance Sahha ! (« santé » ou « bon appétit » en arabe), une nouvelle série de tutoriels de cuisine gratuits en vidéo. A chaque épisode, diffusé le mercredi 18h00 deouis le 5 mai 2021, Sahha ! propose à un chef ou une cheffe issu du monde arabe d’expliquer étape par étape comment réaliser une recette qui lui tient à cœur. Chaque « tuto » s’accompagne d’un portrait en vidéo où le chef ou la cheffe présente son parcours, son rapport à la cuisine, et explique la signification de sa recette dans son pays d’origine.
Les vidéos mises en ligne par l’Institut du monde arabe (IMA) sont une belle occasion de tester des recettes du Maroc, d’Algérie, de Syrie ou du Liban, et de découvrir la culture de cheffes aux parcours hors du commun.
Avec Sahha! (« santé » en arabe, pour dire « bon appétit »), l’Institut du monde arabe (IMA) offre des cours de cuisine gratuits en ligne. Présentées par des chefs du Maghreb et du Moyen-Orient, les recettes sont expliquées de manière pédagogique au travers de vidéos efficaces (entre 5 à 10 minutes). La plupart des personnes qui interviennent sont des femmes, excepté Faeeq Al Mhana, un Syrien de Deraa arrivé dans l’Hexagone en 2015 et membre des Cuistots migrateurs, une association qui aide des réfugiés à se reconstruire grâce à la cuisine.
Du couscous à la pastilla
Toutes les gastronomies ne sont pas encore représentées, comme par exemple celle de la Tunisie. Et toutes les recettes – couscous, man’ouché (galette au thym), mouloukhia (corète), yalanjis (feuilles de vigne farcies), pastilla (feuilleté sucré salé)… – n’ont pas le même degré de difficulté. Si vous vous réjouissez par avance de ne passer que 40 minutes, comme indiqué, à élaborer la très raffinée pastilla marocaine, il est encore temps de vous tourner vers un autre plat, car le résultat vous remettra peut-être à votre place. C’est sans compter l’entraînement nécessaire pour acquérir le tour de main qui vous évitera de voir votre plat se déliter au premier coup de couteau… sans oublier la vaisselle. Si sa texture est sèche comme un étouffe-chrétien ?
« N’hésitez pas à réserver le jus de cuisson des oignons pour y plonger les amandes, ou encore à mélanger la farce au lieu de superposer des couches de poulet, d’oignons confis et d’amandes », souffle son auteure, Fouzia Ayou, dont le court portrait est également disponible en vidéo.
Cette Marocaine de Safi s’est installée en France en 1998, après l’obtention d’un deug d’histoire-géographie. Les circonstances la pousseront à devenir nounou, puis gouvernante, avec l’impression de passer à coté de ses ambitions. C’est en se mettant aux fourneaux pour les familles chez qui elle travaillait que l’idée de suivre ponctuellement des cours de cuisine se concrétise. « On me parlait de devenir traiteur, à l’époque je n’y songeais pas », nous raconte-t-elle. Il y a quatre ans, la naissance de sa fille la mène à la croisée des chemins. En faisant des recherches, elle découvre, avec l’aide de son mari, l’entreprise sociale Meet my mama et candidate. Depuis, elle y cuisine pour des restaurants partenaires, des entreprises et des particuliers.
Le tournage du tuto de l’IMA lui permet de mesurer le chemin parcouru. « Notre travail est valorisé, ça donne envie de continuer », s’enthousiasme-t-elle. Il faut de l’expérience pour devenir une « mama ». « Cela fait partie de notre vision de les valoriser et de leur offrir un espace où s’exprimer, et présenter leur culture et leur savoir faire », explique Loubna Ksibi, cofondatrice de Meet my mama. Avoir confiance et croire en sa légitimité restent des défis pour de nombreuses femmes.
Beaucoup à prouver
« Ces femmes sont aussi les garantes de certaines recettes et de variantes régionales, cela leur permet aussi de contrecarrer les clichés », poursuit Loubna Ksibi. C’est le cas du couscous de Yennayer, présenté par Soraya Kezzouh. Pois chiches, haricots secs, fèves, piments, navets, potiron, carottes… viennent agrémenter ce plat du nouvel an berbère (suivant le calendrier agraire kabyle). Un hommage aux racines de sa famille à Béjaïa, dont les cueillettes ont agrémenté son enfance algéroise puis sa vie en France depuis 1988. Pour le tournage, elle a tenu à porter une robe faite à la main par une Kabyle.