Maglor - Le gouvernement français poursuit sa ligne dure en matière d’immigration avec la publication d’une nouvelle circulaire signée par le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, le 23 janvier. Ce texte, destiné aux préfets, introduit des critères plus stricts pour la régularisation des étrangers sans papiers, remplaçant la circulaire Valls de 2012.
Un durcissement notable des conditions
La circulaire Retailleau impose une série de changements significatifs :
- Durée de résidence allongée : Pour prétendre à une régularisation au titre de l’admission exceptionnelle au séjour, les étrangers devront désormais justifier de sept années de résidence en France, contre cinq auparavant.
- OQTF systématique : Toute décision de refus de titre de séjour sera immédiatement suivie d’une obligation de quitter le territoire français (OQTF), limitant les possibilités de recours.
- Exigences linguistiques renforcées : La maîtrise du français devient un critère central. Les demandeurs devront fournir des preuves tangibles, telles qu’un diplôme français, une certification linguistique ou un autre document attestant de leur niveau.
Ces nouvelles mesures reflètent une volonté de restreindre l’accès aux régularisations, tout en affirmant un objectif d’intégration basé sur la langue et les valeurs républicaines.
Vers une limitation des regroupements familiaux
Le regroupement familial, qui constitue une voie importante de régularisation, subira également des restrictions. Le gouvernement prévoit une diminution du nombre de régularisations dans ce cadre, les estimations étant revues à la baisse entre 8 000 et 10 000 cas par an.
Une ouverture limitée pour les secteurs en tension
Malgré ce durcissement général, la circulaire prévoit des ajustements pour répondre aux besoins économiques. Les sans-papiers travaillant dans des métiers en tension, tels que la restauration, les soins de santé ou l’aide aux personnes âgées, pourraient bénéficier de régularisations spécifiques. Une nouvelle liste de ces professions est attendue pour février 2025, afin d’adapter les critères aux pénuries de main-d’œuvre.
Une politique migratoire de plus en plus sélective
Cette circulaire s’inscrit dans une stratégie globale de contrôle renforcé des flux migratoires, en privilégiant une immigration régulière limitée et en adaptant les régularisations aux impératifs économiques. Bruno Retailleau, qui avait déjà déclaré vouloir « expulser plus et régulariser moins », confirme une rupture nette avec les politiques migratoires précédentes.
Une fracture politique et sociale
Si le gouvernement affirme vouloir mieux maîtriser l’immigration, cette nouvelle circulaire suscite des critiques. Les associations de défense des droits des étrangers dénoncent un texte jugé trop restrictif, risquant de marginaliser davantage les sans-papiers.
Entre durcissement des régularisations et adaptations économiques, cette nouvelle étape de la politique migratoire française illustre une approche sélective, mais controversée. Reste à voir si cette stratégie répondra aux enjeux économiques tout en respectant les principes de justice et d’humanité.