Maglor - Fès, Maroc – Le football marocain retient son souffle. Si la victoire 1-0 contre le Bénin, mardi soir à Fès, a permis aux Lions de l'Atlas d'enchaîner une deuxième victoire consécutive lors de cette trêve internationale – après le succès 2-0 face à la Tunisie vendredi dernier – le contenu de la prestation n'a pas manqué de soulever de sérieuses interrogations. Loin de la démonstration attendue, ce succès étriqué contre un adversaire réputé inférieur a mis en lumière des lacunes qui préoccupent à l'approche des échéances officielles.
Une domination stérile et des inquiétudes persistantes
Sur le papier, les chiffres parlent d'eux-mêmes : 60% de possession de balle en première mi-temps. Mais la réalité du terrain fut tout autre. Face à un bloc béninois discipliné et bien regroupé, les hommes de Walid Regragui ont peiné à trouver la faille. Le manque criant d'efficacité offensive a été le fil rouge de la rencontre. Ce n'est qu'à la deuxième minute du temps additionnel de la première période que la délivrance est venue, sur un geste acrobatique d'Ayoub El Kaabi, seul éclair de génie dans une attaque bien trop souvent brouillonne.
En seconde période, malgré les tentatives de réajustement tactique de Walid Regragui, le scénario s'est répété. Les changements n'ont pas apporté le souffle nouveau espéré, et le score est resté figé, confirmant les doutes sur la capacité de l'équipe à créer du danger de manière constante.
Les maux profonds d'une équipe en quête de repères
L'analyse de la rencontre révèle plusieurs points faibles qui nécessitent une attention urgente :
- Une efficacité offensive en berne : Malgré la présence de talents offensifs évoluant dans de grands championnats européens, l'équipe peine à convertir sa domination en buts. Le déchet dans le dernier geste et le manque de créativité dans les trente derniers mètres sont flagrants.
- Des erreurs individuelles et un manque de concentration : Des imprécisions techniques et des pertes de balle évitables ont régulièrement mis la défense sous pression, offrant des opportunités aux Écureuils du Bénin. Le niveau de concentration de certains joueurs est apparu en deçà des exigences du haut niveau.
- Un déficit de présence mentale : Plus qu'un simple manque de forme physique, certains joueurs semblaient manquer d'engagement et de détermination, ce qui s'est traduit par un rendement insuffisant sur le terrain.
- Un plan de jeu limité : Face à un adversaire bien organisé, l'absence de solutions tactiques alternatives de la part du staff technique a été pointée du doigt. L'incapacité à déstabiliser le bloc défensif adverse lorsque le plan initial échoue interroge sur la profondeur des schémas de jeu.
Un avenir incertain malgré les talents
Si la victoire contre la Tunisie, avec des buts d'Achraf Hakimi et du même Ayoub El Kaabi, avait pu rassurer, le match contre le Bénin ramène les supporters marocains à la réalité. Les attentes sont immenses pour cette génération dorée, composée de joueurs évoluant dans l'élite européenne. Cependant, des prestations comme celle de mardi soir ne peuvent qu'accroître l'inquiétude à l'approche des échéances cruciales. Le temps presse pour Walid Regragui et son staff, qui devront impérativement corriger ces lacunes pour que les Lions de l'Atlas puissent réellement rugir sur la scène continentale et mondiale. La route vers les prochaines compétitions officielles s'annonce exigeante, et le Maroc n'a pas le droit à l'erreur s'il veut confirmer son statut de grande nation du football africain.