
En Tunisie, un journaliste de 32 ans, Abdel Razzaq Zorgui, s’est immolé par le feu dans la nuit du 24 au 25 décembre. Il est mort après avoir dénoncé la pauvreté et la précarité dans lesquelles sont plongés ses compatriotes. Son geste a provoqué des violences avec les forces de l’ordre à Kasserine, dans le centre-ouest du pays. Des manifestants ont affronté des policiers peu après l'enterrement d'Abdel Razzaq Zorgui, décédé après s’être immolé en signe de protestation.
(AFP) - Abdel Razzaq Zorgui, cameraman, photographe et père de famille de 32 ans avait prémédité sa mort. Sur les réseaux sociaux, il a publié une vidéo poignante, juste avant de s’imbiber d’essence et de passer à l’acte. Le trentenaire y dénonce les conditions de vie des habitants de sa région de Kasserine étouffée par le chômage de masse, « affamés et marginalisés », selon ses mots. De nouveaux heurts ont opposé mardi la police à des manifestants à Kasserine, dans l'ouest du pays, peu après l'enterrement d'un journaliste qui s'était immolé par le feu la veille, selon un correspondant de l'AFP.
Les forces de l'ordre tunisiennes ont fait usage de gaz lacrymogènes pour disperser des dizaines de manifestants et des affrontements ont opposé les deux camps notamment devant le siège du gouvernorat (préfecture) de Kasserine où avait été déployé un important dispositif de sécurité, selon la même source. Aucun bilan n'était disponible dans l'immédiat.
Le journaliste Abdel Razzaq Zorgui, 32 ans, est décédé lundi soir après s'être immolé par le feu en affirmant vouloir protester contre le chômage et la dégradation de la situation économique dans la région de Kasserine, l'une des plus pauvres du pays.
«Pour les fils de Kasserine qui n'ont pas de moyens de subsistance, aujourd'hui, je vais commencer une révolution, je vais m'immoler par le feu», avait déclaré le journaliste dans une vidéo qu'il a publiée avant sa mort.
Colère des habitants
Ce drame a suscité la colère des habitants de cette ville défavorisée et dans la nuit de lundi à mardi, des dizaines d'entre eux ont brûlé des pneus et bloqué la rue principale du centre-ville, la police répliquant par des tirs de gaz lacrymogènes, selon le correspondant de l'AFP.
Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Sofiane al-Zaq, a déclaré que six membres des forces de sécurité avaient été légèrement blessés lors des affrontements et neuf personnes arrêtées lundi soir.
Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a affirmé lundi dans un communiqué que l'acte du journaliste reporter d'images visait à protester contre «des conditions sociales difficiles, un horizon fermé et le manque d'espoir» qui frappent cette région.
Kasserine est l'une des premières villes où avaient éclaté fin 2010 des manifestations pour protester contre la pauvreté et la marginalisation. La police avait alors tué des manifestants.
Provoquées par l'immolation par le feu en décembre 2010 d'un jeune vendeur ambulant de Sidi Bouzid (centre-ouest), excédé par la pauvreté et les humiliations policières, les manifestations s'étaient ensuite propagées à travers tout le pays, et avaient conduit au renversement du régime de Zine El Abidine Ben Ali en janvier 2011.
Malgré les progrès de la transition démocratique et un récent retour de la croissance économique après des années de stagnation, les autorités tunisiennes peinent toujours à répondre aux aspirations sociales des Tunisiens.
Inflation et chômage alimentent les troubles sociaux. Des émeutes avaient éclaté en janvier dernier dans de nombreuses villes du pays.