La grande mosquée de Paris (GMP), mécontente de constater que son recteur, Dalil Boubakeur, n’a pas été invité aux vœux qu’Emmanuel Macron doit présenter jeudi aux autorités religieuses, a annoncé ce mercredi son retrait du Conseil français du culte musulman (CFCM).
Le président de la République doit accueillir jeudi matin, pour une cérémonie traditionnelle d’échange de vœux, les responsables des cultes, déjà reçus longuement le 21 décembre à l’Elysée. Dans un communiqué, Dalil Boubakeur dit ne pas avoir été convié aux vœux d’Emmanuel Macron aux autorités religieuses, organisés jeudi.
Chaque culte étant représenté par deux personnes, le CFCM, l’interlocuteur musulman officiel de l’État, le sera par son président en exercice depuis juillet Ahmet Ogras (proche de la Turquie) et le prédécesseur de celui-ci, Anouar Kbibech (de sensibilité marocaine).
Généralement convié sous les ors de l’Elysée, le recteur de la GMP (liée à l’Algérie) depuis plus d’un quart de siècle, Dalil Boubakeur, 77 ans, ne le sera pas cette fois.
« Marginalisée voire ostracisée » ?
« Il est surprenant que l’institution religieuse musulmane la plus emblématique de France […] soit ainsi marginalisée voire ostracisée », peut-on lire dans ce communiqué, qui présente la mosquée comme la « gardienne vigilante de l’islam du juste milieu depuis sa création en 1926 ».
« Prenant acte de cette injuste et inexplicable mise à l’écart, la grande mosquée de Paris décide, par conséquent, de se retirer de toutes les instances du CFCM et de ne plus participer à toute initiative émanant des pouvoirs publics sur l’organisation du culte musulman », lit-on en conclusion.
Fondé en 2003 à l’initiative de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, le CFCM sert notamment d’intermédiaire avec les pouvoirs publics.
Coutumier des sorties fracassantes
Le recteur Boubakeur, qui s’estime marginalisé depuis qu’il a laissé les commandes du CFCM en 2015, est coutumier de ces sorties fracassantes et de ces bouderies capricieuses, généralement suivies de retours plus discrets mais réels.
Fin janvier 2017, il avait exprimé son refus de participer au nouveau chantier de « l’islam de France », articulé sur une fondation culturelle, aujourd’hui active sous la présidence de Jean-Pierre Chevènement, et une association cultuelle de financement, toujours au point mort.
En mars, il avait mené une fronde contre le lancement d’une « charte de l’imam » censée contribuer à la lutte contre la radicalisation mais, à ses yeux, inaboutie.
Le communiqué de presse annonçant la bouderie
La Grande Mosquée de Paris s’étonne que son Recteur, le Docteur Dalil Boubakeur, n’ait pas été convié à la traditionnelle cérémonie des vœux du Président de la République aux autorités religieuses à l’occasion du Nouvel An.
Il est surprenant que l’institution religieuse musulmane la plus emblématique de France, fruit d’une loi d’État pour manifester la reconnaissance de la Nation aux milliers de soldats musulmans morts pour la France durant la Première guerre mondiale, soit ainsi marginalisée voire ostracisée.
La Grande Mosquée de Paris, gardienne vigilante de l’islam du juste milieu depuis sa création en 1926, s’est résolument et activement engagée, malgré les hostilités et les risques encourus, pour l’intégration harmonieuse des citoyens de confession musulmane dans la République et pour leur dignité.
L’édification de l’islam de France, que l’État appelle de tous ses vœux, ne peut raisonnablement se faire sans la participation active et responsable de la Grande Mosquée de Paris qui a notamment contribué à la fondation et à la pérennisation du Conseil français du culte musulman (CFCM) en ne négligeant aucune sensibilité de l’islam en France.
Prenant acte de cette injuste et inexplicable mise à l’écart, la Grande Mosquée de Paris décide, par conséquent, de se retirer de toutes les instances du CFCM et de ne plus participer à toute initiative émanant des pouvoirs publics sur l’organisation du culte musulman.